Selon un « vigile » rencontré au niveau de l'espace d'un magasin, les filles sont devenues de plus en plus redoutables. Selon lui, elles arrivent en bandes parfaitement organisées et composées généralement de trois à quatre personnes. Il explique que deux d'entre elles essaient toujours de faire distraction en discutant avec le vendeur pendant que l'autre investit la cabine d'essayage avec en sa possession quatre à cinq articles d'habillement. De la sorte, l'essayeuse peut masquer un ou deux linges qu'elle glissera discrètement dans le sac de l'une de ses complices restée pour soi-disant lui donner son avis sur l'article essayé. « Plusieurs filles et particulièrement des étudiantes, se sont fait prendre en flagrant délit », dira-t-il outré. Raison pour laquelle, plusieurs « vigiles » ont été mobilisés à l'intérieur de cette grande surface très caractérisée par le flux des « shoppeuses » particulièrement en cette période de l'année. Le but étant d'avoir un œil sur les moindres agissements à l'intérieur du magasin. Pour Mina, vendeuse, rien n'échappe aux voleuses. Elle dira qu'il est difficile de faire face à ce phénomène qui prend l'allure d'une habitude. Celle-ci a révélé que son équipe a souvent été confrontée à ce genre de problème. Pire encore, certaines « clientes » ont réussi à chiper du linge doté de bip. « Il y a des filles qui réussissent à arracher le bip des vêtements en le coupant avec une pince », dira-t-elle contrariée. « Elles replacent ensuite le vêtement sur le pendant ou le laissent dans la cabine avant le passage de la seconde qui rafle tout », dira-t-elle. Pour faire face à cela, le magasin a également renforcé son équipe en engageant deux vendeuses supplémentaires dont la mission principale est d'accompagner les clientes de passage dans les rayons. Cela étant dit, la vendeuse a déploré qu'il est difficile d'être vigilant quand le magasin connaît un afflux. Elle déplore tout de même que parfois, après la fermeture, elle se rend compte qu'il y a eu deux à trois articles manquants. DES VENDEUSES POUR ACCOMPAGNER LES CLIENTES Même constat au niveau de certaines boutiques de la rue Larbi Ben M'hidi. Selon le propriétaire d'une d'elles, il lui est arrivé d'avoir affaire à des femmes âgées. Leurs tenues vestimentaires leur permettent de dissimuler des articles. « La majorité des femmes âgées portent un hidjab ample », a-t-il constaté. « Ce qui leur permet d'enfouir un pull ou un pantalon sans s'encombrer », a-t-il ajouté. Le propriétaire de cette boutique pour femmes a fait appel à une vendeuse pour l'aider dans sa lourde tâche. Pour lui, aujourd'hui le vendeur est aussi un vigile. « Pendant que je négocie le prix avec ma cliente, mon assistante s'occupe de celles qui visitent les rayons », dira-t-il. Ce qui n'est pas apprécié par certaines clientes. Certaines se disent scandalisées du fait qu'elles se sentent suivies par certaines vendeuses. « C'est humiliant », rétorquera une cliente qui, à chaque pas à l'intérieur du magasin, se voit accompagnée d'une vendeuse. Pour elle, la vendeuse ou l'assistante doit répondre à l'appel de la cliente et doit l'orienter sur le choix à prendre en matière d'habillement. Même constat dans une autre boutique où deux filles ont décidé de ne rien acheter parce qu'elles se sont senties agressées par le regard des vendeuses. Mieux encore. Selon le même commerçant, les vols dans les magasins dépendent bien sûr de la taille des boutiques. « Chez moi, l'espace est trop réduit et malgré notre vigilance, on s'aperçoit que des vols sont commis dans les rayons », dira-t-il. Selon lui, la voleuse ne vient jamais seule d'autant qu'il lui est plus facile de prendre l'article et de le fourrer dans le sac. Comme ce fut le cas il y a quelque temps où ce dernier a discrètement suivi une cliente chez qui il a récupéré une chemise. « Je l'ai juste humiliée sans pour autant la dénoncer à la police », a-t-il souligné. Par ailleurs, une visite dans les différentes boutiques spécialisées dans l'habillement dans l'Algérois, fait constater l'absence de déploiement des caméras de vidéosurveillance. Les raisons, certains vendeurs expliquent qu'ils peuvent contrôler la surface sur laquelle les vêtements sont exposés. Ce sont les cabines d'essayage qui posent problème au fait. En effet, il est impossible d'installer une caméra de surveillance à l'intérieur de ces vestiaires occupés principalement par des femmes. Les produits alimentaires ne sont pas épargnés. Même constat au niveau des superettes. Les produits d'alimentation générale sont également sujets au vol. Les petites boîtes de conserves et les paquets de féculents, sucre et café sont les produits qui sont subtilisés. Selon un vendeur dans une superette à Alger, les magasins d'alimentation sont souvent visités par des gens dans le besoin. « Ce qui explique leur comportement, particulièrement après la dernière flambée des prix qui a touché les produits de base », dira-t-il navré. Selon lui, il ne se passe pas un jour sans qu'il attrape un ou deux voleurs. Ainsi, la présence d'un vigile devient indispensable pour parer à ce fléau.