Bien entendu, les partis politiques qui s'étaient livrés à une véritable bataille des affiches sur les murs de la ville évitent d'évoquer le sujet. En fait, tout au début de la campagne le moindre espace intéressant pouvant servir à coller les posters et les listes était disputé par presque toutes les formations. Non satisfaits du nombre restreint des panneaux d'affichage mis à leur disposition, les colleurs d'affiches activaient surtout la nuit en mettant le plus de posters possibles sur les murs de bâtiments administratifs, de maisons, d'écoles et même des places publiques. L'enjeu était tel que cette campagne clandestine a atteint son paroxysme lorsque deux bandes de deux partis rivaux ont eu un violent accrochage en plein centre-ville, se remémorent les riverains. D'autres partis ne sont pas restés en marge et ont aussi choisi de polluer la ville par leurs affiches ; un petit parti n'a pas trouvé mieux que de mettre des autocollants sur les tôles et les pare-brises des voitures, au grand dam des pauvres citoyens. Pour leur part, les services de l'APC sont toujours confrontés à la difficulté de débarrasser les murs de ces affiches qui deviennent de plus en plus gênantes. Et Apparemment l'opération nécessite de grands moyens, selon le chargé de communication de la commune de Constantine, Nacer Belachab, qui nous précise que retirer des affiches posées un peu partout sur les murs de la ville nécessite le déploiement de dizaines d'ouvriers. Des affiches qui ont carrément défiguré de vieux bâtiments publics du centre-ville tels que la grande poste ou le théâtre, ou encore les murs des principales artères de la ville : Aouati Mustapha ou Belouizdad. L'opération de toilettage a commencé et devrait durer plusieurs jours, voire des semaines, la priorité sera donnée bien évidemment aux lieux publics. « Même les jardins publics n'ont pas échappé à cette agression. Nous avons aussi constaté que des panneaux d'indication aroutière ont été également utilisés comme espace pour la campagne. C'est regrettable, surtout que c'est toute la ville qui est touchée », nous confie M. Belachab. Pour comprendre comment les partis politiques ont procédé à cet affichage sauvage, nous avons approché un militant d'une grande formation politique qui nous a expliqué que pour échapper à la loi, la formule est la même pour tous les partis : approcher des jeunes non adhérents, les payer et leur indiquer les endroits où ils doivent coller les affiches. Une astuce qui s'est révélée payante puisqu'en l'absence d'un contrôle strict, ce sont finalement les colleurs qui ont réussi à imposer leur loi, aucune mesure ni sanction n'a été prise, pourtant la loi électorale est stricte et une telle infraction est punie. A signaler aussi que pour effacer les graffitis politiques, l'APC est obligée de repeindre des murs entiers, un calvaire et des dépenses de plus.