En été, des commerces en tous genres se développent. Des jeunes et moins jeunes montent toutes sortes d'affaires pour gagner quelques sous l'espace d'une saison. Pour certains, il s'agit de faire des économies en prévision de la rentrée sociale, pour d'autres, ce ne sont que des métiers d'été. Proposant des produits allant de l'équipement de plage à l'habillement en passant par les produits alimentaires, ces pseudo commerçants passent souvent outre la santé et le confort du client pour aboutir à leurs fins. C'est le cas des vendeurs ambulants des boissons dites « rafraîchissantes ». Ils installent leurs étals de fortune à proximité des marchés et sur les plages. Dans des bacs en verre, exposés au soleil, ils proposent aux clients une gamme de jus de fruits - sous forme de poudre diluée - rafraîchie par des blocs de glaçon, assez large. Le client a l'embarras du choix. Il lui suffit juste de choisir sa boisson préférée. « Chaque été, j'investis dans ce créneau. Il faut dire que cela rapporte beaucoup d'argent. Avec les chaleurs de saison, qui dépassent parfois les 40°C à l'ombre, les gens ont besoin de s'hydrater et ils préfèrent des jus de citron rafraîchissants », soutient Sid-Ahmed, un jeune vendeur ambulant, entre deux clients, vraisemblablement pressés d'étancher leur soif. L'un des clients assure que les jus de Sid- Ahmed « sont les meilleurs dans toute la région ». « Je connais Sid-Ahmed depuis quelques années déjà. Il avait installé son étal devant mon magasin et chaque été je lui réserve cette place. On est devenu des amis », poursuit-il. A la place des Martyrs, elles sont pas moins de cinq charrettes qui proposent des boissons rafraîchissantes. L'un des propriétaires affirment que sa clientèle est assez importante. « Mais ce sont les enfants qui sont plus nombreux. Accompagnés de leurs parents qui viennent faire des courses, ils ont souvent soif et ils ne veulent pas boire de l'eau. Alors, leurs parents leur achètent des boissons », déclare-t-il. Néanmoins, il n'hésite pas à avouer que les conditions de conservation et de commercialisation sont assez précaires. « Nous n'avons pas de moyens pour fabriquer ces boissons sur place, comme dans d'autres pays. Il s'agit, dans la majorité des cas, de jus en poudre dilué auquel nous rajoutons des blocs de glaçons pour le rafraîchir. Par ailleurs, nous n'avons même pas les moyens, telles que des glacières, pour conserver notre marchandise », confie-t-il. Mais à voir la cadence avec laquelle ils liquident leur marchandise, on croirait que personne ne se soucie de son état de santé. Effectivement, vu les conditions de fabrication et de conservation, ces boissons sont un réservoir de maladies. Non seulement, le produit est exposé toute la journée au soleil mais aussi il est servi dans des verres ébréchés. « C'est vrai que ces boissons ne sont pas conformes aux normes mais quand on a soif on n'a pas trop le choix », se justifie une mère de famille qui a acheté pour son enfant de six ans une de ces boisons. « Vous savez, les enfants n'ont pas d'endurance et souvent j'oublie de ramener une bouteille de jus de la maison », ajoute-t-elle. Cette inconscience prédomine. Wahid, un jeune étudiant de 18 ans, avoue que « ces boissons ont un goût unique ». « Je suis conscient des risques et des répercussions sur ma santé mais je ne peux m'en défaire », soutient-il. MEDECINS ET ASSOCIATIONS TIRENT LA SONNETTE D'ALARME Le docteur Hilmi, médecin spécialiste en gastro-entérologie, explique que le consommateur risque de sérieux problèmes gastriques. « Au début, il s'agit de quelques crises d'estomac, mais avec le temps, cela peut aller jusqu'à la gastrite et l'ulcère. De tels produits peuvent même être à l'origine d'un cancer digestif », déclare-t-il. Par ailleurs, il a précisé qu'au-delà du risque gastrique, ces boissons sont susceptibles de causer des intoxications alimentaires, vu les conditions dans lesquelles elles sont commercialisées. « Elles sont exposées à longueur de journée au soleil, sans oublier la poussière et autres conséquences de la pollution. Ce qui augmente les risquent d'intoxications alimentaires, surtout en cette saison », ajoute-t-il. Face à ce phénomène qui prend de l'ampleur les associations de protection du consommateur tirent la sonnette d'alarme. Jouant leur rôle, ils ont opté pour la sensibilisation du consommateur. M. Mohamed Toumi, directeur exécutif de la Fédération algérienne des consommateurs (FAC), recommande aux consommateurs d'éviter ce type de produits. « Il ne faut surtout pas encourager ces arnaqueurs. Ces produits sont douteux. Ni leur origine ni leur composition ne sont connues. On ne peut pas les commercialiser. Ils peuvent présenter un réel danger pour la santé du consommateur », affirme-t-il. M. Toumi a, en outre, annoncé que la FAC a lancé une caravane de sensibilisation le 4 juillet. « La fédération organisera, du 4 au 9 juillet, une caravane nationale de sensibilisation sur la culture de consommation. Le coup d'envoi a eu lieu depuis Alger », a-t-il dit.