Certes, il n'y a pas eu cette année une grève illimitée que celle enclenchée l'année d'avant dans toutes les universités du pays. Mais tout porte à croire que cette grande institution est en ébullition, en raison de l'accumulation des problèmes. C'est la conclusion à laquelle sont parvenus les enseignants universitaires affiliés au Conseil national des enseignants du supérieur (Cnes) et des membres d'organisations estudiantines. « Hormis les timides protestations observées à l'université d'El Oued, de Bordj Bou Arréridj et de Médéa, l'année universitaire aura été celle de tous les dépassements », affirme le SG du Cnes, Abdemalek Rahmani. Des agissements excessifs ont été enregistrés par certains recteurs dans leurs établissements respectifs. Le premier responsable du Cnes cite, entre autres, « le comportement provocateur de l'administration de l'université d'Alger II (Bouzaréah) qui aurait demandé aux enseignants du département anglais de procéder au rachat des étudiants ayant eu entre 9,20/20 et 9,50/20, sachant pertinemment que le rachat n'est pas un droit mais peut parfois être une faveur. « Refusant cette instruction émanant du premier responsable de l'université, les enseignants ont été sommés de procéder à une deuxième correction de près de 1.600 copies. Une alternative d'emblée rejetée par ces mêmes enseignants », a souligné M. Rahmani. Ce qui a d'ailleurs amené ce même département à confier les copies en question à d'autres enseignants. « Cette démarche est en contradiction avec la déontologie et toute logique pédagogique, d'autant plus que les résultats de la deuxième correction ne sont toujours pas validés par les enseignants des étudiants en quête de rachat », note M. Rahmani. Selon lui, la tutelle a été saisie, mais aucune mesure concrète n'a été appliquée à l'encontre de ceux qui veulent ternir l'image de l'université algérienne et discréditer le diplôme algérien. « Le Cnes ne baissera pas les bras, même s'il faut bloquer les examens de fin d'année », a tenu à rappeler M. Rahmani, insistant sur l'ouverture d'une commission d'enquête. Niant carrément les faits, le chef du département anglais par intérim à l'université d'Alger II, Youssef Immoune, dément tout rachat. « Ce sont des propos infondés », dit-il en précisant qu'à cet effet, et contrairement aux autres filières, le jury des délibérations dans le département anglais a pour habitude de déclarer admis les étudiants ayant obtenu au-delà de 9/20, « dès lors que les admis se comptent sur les doigts d'une seule main ». Selon M. Immoune, l'authentification des relevés de notes pose problème au niveau du ministère de l'Enseignement supérieur. Ce qui explique d'ailleurs le nombre de recours déposés. LE LMD DECRIE Même constat établi par les organisations estudiantines. Selon le secrétaire général de l'Union nationale des étudiants algériens (UNEA), Ibrahim Bouleguaine, sur le plan pédagogique, l'année a été relativement calme, mais il y a eu plusieurs pratiques frauduleuses, notamment la découverte récente de plusieurs inscrits à l'université d'Oran, n'ayant pas le bac. Autre dépassement dans la faculté de médecine de cette wilaya. « Plusieurs étudiants poursuivent des études en sciences médicales alors que la moyenne qu'ils avaient obtenue au bac ne leur permet pas d'y accéder », a-t-il déploré. Revenant sur la question des rachats, il estime que la loi doit être appliquée sans distinction aucune. Autres griefs portés au bilan de cette année universitaire, « la persistance de problèmes d'encadrement et d'ordre social », note Farid Hadj Mohand, membre de la Coordination nationale autonomes des étudiants. En outre, il estime que la généralisation du système LMD signifie la subordination du savoir aux besoins d'entreprises bien précises. « Cela réduit les opportunités d'embauche à bon nombre de diplômés de l'université algérienne, confortant ainsi le retour au système des quotas », estime-t-il. Toutefois, il reconnaît que la tutelle a honoré ses engagements concernant le maintien du magistère pour le système classique et l'ouverture de postes pour le master dans toutes ses spécialités.