Les petites gens, elles, tentent de résister aux assauts des prix pour négocier une éphémère ration de viande. Cette partie de cache-cache à qui mieux remplit son couffin se termine parfois dans la frustration. Mais aussi dans la dispute. Derrière chaque altercation de marché, il y a cette cause à effet provoquée par le prix à payer. Pour le jeûneur moyen, on n'arrive toujours pas à s'acquitter d'un couffin à la mesure de sa demande. On lui fait faire mille et une pirouettes pour enfin lui libérer quotidiennement sa ration ramadhanesque. En ce mois sacré, la loi du talion reprend malheureusement force dans un monde mercantiliste. On a peine à croire que le mois considéré comme celui de la piété et de la ferveur, la philanthropie et la charité s'éclipse au profit de la cupidité. Rien ne va plus ! Le langage des croupiers résonne dans l'indescriptible vacarme des spéculateurs qui annoncent la grande sanction contre les pauvres. Ce mot moyenâgeux retrouve tout son sens pendant le mois sacré du Ramadhan. Il y a même des proscrits qui n'arrivent même pas à trouver nourriture. On leur fait humer l'odeur d'une chorba, histoire de leur faire goûter les bonnes intentions charitables… Dans cette folle farandole au marché des dupes, les grands perdants sont toujours ceux qui n'en ont pas pour leur argent.