La veille du Ramadhan a été marquée par un rush sur les abattoirs et les boucheries. Contrairement aux années précédentes, le prix des viandes rouges n'a pas connu d'augmentation. Mais cela n'a pas empêché des milliers d'Algériens de rester fidèles aux bonnes vieilles habitudes. “Sait-on jamais d'ici ce soir, ou demain, les prix vont grimper”, lance un vieillard, le couffin rempli de viande, à la sortie des abattoirs. Très tôt le matin, et même à des heures tardives de la journée de dimanche, des queues interminables de voitures se forment le long de l'avenue des Fusillés. Les plus aisés achètent des carcasses entières de moutons, alors que les autres font le maximum d'emplettes avec les moyens du bord. Le rush est d'autant plus inexplicable que, contrairement à la réputation surfaite, les prix affichés aux abattoirs (570 et 580 dinars le kilo) ne diffèrent guère de ceux affichés par les bouchers des marchés populaires. Mieux encore, certains bouchers qui ont pris leurs devants, en faisant leurs commandes en juillet dernier, affichent des prix plus bas que ceux des abattoirs (entre 500 et 520 dinars). En fait, cette année a été caractérisée par une abondance du cheptel ovin. Selon le ministre du Commerce, il existe actuellement un surplus de quelque trois millions de têtes ovines. Lequel devrait être soit exporté vers l'Arabie Saoudite, pour la saison du pèlerinage, soit abattu et conservé. Le gouvernement avait, pour rappel, suspendu l'importation des viandes rouges entre avril et août derniers. Cette mesure, comprise dans le cadre des négociations avec l'OMC, vise à protéger la production nationale et à éviter aux éleveurs locaux de subir des pertes, eux qui ont souffert cette année à cause de la sécheresse. Même s'il est vrai que le Ramadhan s'annonce sous de bons auspices en matière de la disponibilité des viandes, et des autres produits de large consommation, il est vrai également que la consommation des ménages connaît un pic durant ce mois censé être celui de l'abstinence. Azzeddine Bensouiah