Il est né en 1908 en Kabylie à Ait Ourtilane, il est issu d'une famille aisée, de tradition lettrée. Il fait ses études au « kuttâb », puis à l'école franco-musulmane et dans les institutions religieuses fondées par les oulémas de sa ville natale. Il s'inscrit à l'université Zitouna de Tunis et fait partie de l'entourage de cheikh Abdelhamid Ben Badis fondateur de l'Association des oulémas musulmans algériens, qu'il prend pour maître. Aussi fait-il partie de cette association dès sa création en 1931 et en devient un militant très actif. Vers 1934, l'association le désigne pour encadrer les expatriés algériens en France en les sensibilisant à l'idée nationale algérienne et aux idéaux du réformisme musulman (Nahda) d'Afghani, Mohamed Abduh et Rachid Ridha. Il fonde ainsi une dizaine d'associations et de clubs où l'on apprend la langue arabe, l'histoire musulmane, les règles élémentaires de la religion et de la morale, et les rudiments du nationalisme, inséparable de l'arabisme et de l'islam. Son activité apostolique et militante le rend très vite suspect aux yeux des autorités françaises qui cherchent désormais à le neutraliser. Se sentant menacé, il se réfugie clandestinement en Suisse, passe en Allemagne, se rend en Italie sous prétexte de rencontrer personnellement le Duce, s'enfuit en Grèce pour enfin arriver à Port-Saïd en Egypte, à la veille de la Seconde Guerre mondiale. Il s'inscrit aussitôt à al-Azhar pour justifier son séjour au Caire et échapper à la persécution des Anglais, lesquels, sur dénonciation française, pouvaient l'accuser d'intelligence avec les forces de l'Axe. Il obtient la ‘Alimiyya et poursuit des études spécialisées d'abord à la Faculté de théologie puis à celle de la Sharia. Pendant ce temps il ne cesse son combat pour la cause nationale. En 1941, il est présenté comme le “président de la Mission des étudiants algériens au Caire” et fonde le “Comité de défense de l'Algérie” et participe avec le Tunisien Muhammed al-Khidhr ibn Husayn à la création du “Front de défense de l'Afrique du Nord”. Pendant ce temps il fréquente assidûment le siège central des Frères musulmans, celui des “Jeunes Musulmans” et le cercle politico-intellectuel de Chekib Arslan et du journaliste Muhammad Ali Tahir, c'est-à-dire le point de ralliement de l'ensemble des mouvements de libération arabe, au Maghreb comme au Machrek. C'est durant cette période qu'il noue des liens solide avec les Yéménites Muhammad Nouman et Mahmmud al Zubayri. Suite au rapprochement entre les Frères musulmans et le régime de l'imam Yahya (Yahya Muhammad Hamid ed-Din), Fodil part visiter le Yémen avec pour motif officiel la creation d'une entreprise commerciale. Accompagné de l'archéologue Ahmed Fakhry, lui-même Frère musulman, il pénètre dans l'entourage du prince héritier à Taez et subjugue tout le monde. Il anime dans le pays une série de conférences et causeries littéraires et a l'occasion de rencontrer les jeunes contestataires. Durant son séjour, il rencontre tous les responsables de l'Etat, tous les grands oulémas, toutes les têtes de l'opposition et tous ceux qui souhaitent un changement de régime, y compris des commerçants et des chefs de tribus. Il rédige le pacte national sacré qui vise à instaurer un régime parlementaire et républicain à la mort de l'imam.