« Le Soudan et le Soudan du Sud doivent accepter des compromis pour régler les différends qui empoisonnent leurs relations. Il est urgent qu'ils aillent au bout de leurs efforts et parviennent dans les plus brefs délais à des accords sur toutes les questions en suspens. Même s'ils sont sont désormais des Etats séparés, leurs destins restent inextricablement liés », déclare la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton. C'était, hier matin, à Juba, la capitale du Soudan du Sud, où elle a fait une escale de trois heures pour rencontrer le président sud-soudanais, Salva Kiir et son ministre des Affaires étrangères, Nhial Deng Nhial. La chef de la diplomatie américaine qui est aux petits soins avec l'Afrique qu'elle visite pour la troisième fois depuis janvier, veut elle régler le conflit entre Soudan et Soudan du Sud ou ... semer la discorde entre le continent noir et la Chine accusée d'« accaparer des richesses africaines pour elle-même » ? Parmi les litiges entre les deux voisins : la démarcation de la frontière commune, le statut de zones contestées, le partage de la manne pétrolière d'avant la partition et les accusations mutuelles de soutien aux groupes rebelles. Des pourparlers en cours à Addis-Abeba, sous l'égide de l'Union africaine, n'ont débouché sur aucun progrès notable. Même l'ultimatum donné le 2 mai par le Conseil de sécurité aux deux pays pour régler leurs différends avant jeudi dernier, sous peine de sanctions, n'a pas été respecté. « Il est évident que le Soudan et le Soudan du Sud n'ont, ni l'un ni l'autre, satisfait à toutes les conditions qui avaient été posées. En même temps, des progrès ont été accomplis », admet le président du Conseil de sécurité en août, le Français, Gérard Araud. « Il n'est pas temps, pas nécessaire de passer à des sanctions, mais nous devons continuer de faire pression sur les parties pour qu'elles poursuivent les négociations », dit-il. Comment ? Les Quinze doivent se réunir ce jeudi pour examiner « la fragile et partielle dynamique qui est apparue » à la lumière des conclusions de Thabo Mbeki, le négociateur en chef de l'Union africaine. En attendant, Khartoum et Juba s'envoient signaux positifs. La première en révisant à la baisse ses demandes sur les droits de passage que la seconde doit lui verser pour exporter son pétrole. La seconde, dont 98% de ses ressources dépendent du pétrole, sera prête à conclure « un accord provisoire ».