Tout comme lors du Ramadhan passé, les gargotiers du mois sacré ont refait leur apparition dans beaucoup de quartiers d'Oran. Ces derniers choisissent généralement des endroits où il n'existe ni restos de la Rahma ni restaurants payants pour proposer leurs services aux ouvriers des chantiers sans domiciles et à quelques « gourmands ». Juste après le f'tour, en effet, des tables de fortune et des barbecues sont installés sur la voie publique, notamment, dans les cités de la périphérie d'Oran. On y trouve aussi bien des grillades que des merguez ainsi que l'incontournable plat de frites-omelettes, de la « Maâkouda » et même la fameuse hrira locale. Outre les accros aux grillades dont l'odorat est fouetté par le fumet qui les fait saliver, ces gargotes en plein air attirent surtout des manœuvres qui travaillent dans les différents chantiers d'Oran et qui sont loin de leurs familles. Les restaurants qui ferment juste après le f'tour, ne permettent pas, en effet, à ces ouvriers d'avoir leur s'hour, ce qui, tout en faisant le bonheur de ces marchands ambulants, rend de précieux services à ces infortunés de l'existence. Pour Abdelkader, un chef de chantier, originaire de Saïda, l'existence de ces gargotiers est une grande aubaine : « J'habite dans un chantier à la périphérie d'Oran et comme je suis très fier de nature, il m'est très difficile de me nourrir dans les restaurants de la Rahma. En outre, pour le s'hour, les seuls restaurants ouverts se trouvent en ville, mais à cette heure avancée de la nuit, il devient hasardeux de s'aventurer dans les rues éloignées. Les mauvaises rencontres sont toujours possibles, aussi, les nouveaux gargotiers du Ramadhan me rendent service. » A propos de l'hygiène, il dira que, jusqu'à présent, il n'a eu aucun problème avec son estomac qui « depuis que (je) fais les chantiers, s'est habitué à tout ». Malgré ce que dit notre ouvrier, il peut se poser un réel problème de santé car personne ne sait quel genre de viande est utilisée pour les grillades ni quelle huile pour les fritures. Autre problème de taille, les marchands de grillades, qui se trouvent souvent à proximité de domiciles, créent de grands désagréments aux habitants. Les bruits nocturnes faits par les clients et les fumées qui emplissent l'air obligent, en effet, ces résidents à fermer leurs fenêtres en dépit des fortes chaleurs et de l'humidité qui sévissent, même la nuit, à Oran.