L'escalade se nourrit des certitudes privilégiant l'option armée. Washington sort la grosse artillerie et se prépare à la guerre programmée contre l'Iran. Dans la même veine que les ADM (armes de destruction massive) introuvables en Irak complètement dévastée, l'Amérique d'Obama s'invente le péril des « dizaines ou même des centaines de missiles » déployés et présentés en menace contre l'Europe pour mieux valider l'arsenal américain aux frontières de la Russie. La recherche du consensus et le conditionnement psychologique de l'opinion internationale bat son plein. Le scénario militaire n'est plus une vue de l'esprit. Selon un sondage de l'Institut américain Pew Research Center, publié jeudi, les prémices se font sentir. Une enquête, menée dans 22 pays, montre que les Américains sont les plus enclins à un recours aux armes contre Téhéran, 66% d'entre eux jugeant que le plus important est «d'empêcher l'Iran de mettre au point des armes nucléaires», contre 24% qui estiment préférable «d'éviter un conflit armé». Les Français apparaissent ensuite comme les plus belliqueux (59% contre 41%). Les Allemands (51% contre 39%) et les Britanniques (48% contre 37%) semblent plus partagés. Plusieurs pays à majorité musulmane où l'enquête a été menée révèlent des opinions prêtes à une résolution par les armes de la question nucléaire iranienne, notamment l'Égypte (55% contre 16%), la Jordanie (53% contre 20%) et le Liban (44% contre 37%). Les Turcs sont d'un avis contraire (37% pour éviter un conflit, 29% pour interdire l'arme nucléaire à l'Iran), de même que les Pakistanais (34% contre 21%). Les Russes sont partagés (32% dans chaque camp) tandis que les Chinois sont contre un conflit par 43% contre 35%. Dans tous les pays, l'opinion est majoritairement favorable à un renforcement des sanctions économiques contre l'Iran, sauf en Inde et au Pakistan. L'image de l'Iran est négative dans tous les pays étudiés. L'escalade se nourrit des certitudes privilégiant l'option armée. Dans le prolongement du durcissement des sanctions onusiennes, renforcées par les mesures de rétorsion euro-américaines allant au-delà du Conseil de sécurité, la pression internationale allant crescendo pèse sur Téhéran qui a réaffirmé la volonté de poursuivre son programme nucléaire et fait valoir la légitime défense. Le seuil irrémédiable du cassus belli est-il à portée du facteur déclenchant de la 3e guerre du Golfe ?