La défiance de la communauté internationale, rarement exprimée, à l'image de la réticence manifeste de l'allié inconditionnel français, conforte la mission de Christopher Ross, désormais, assuré d'un consensus aussi massif. Attendu au Conseil de sécurité pour présenter un état des lieux du processus de négociation à l'agonie, l'émissaire onusien se prépare à effectuer une tournée régionale pour renouer sur le terrain les fils de la concertation compromis par les « embûches » et l'absence de progrès relevés par le SG de l'ONU. Le même constat pessimiste imprègne le rapport de son envoyé spécial examiné par le Conseil de sécurité, le 17 avril 2012, et dans lequel la violation du principe de neutralité de la Minurso est particulièrement dénoncée. « J'ai présenté dans mon rapport une série de défis qui démontrent que la Minurso n'est ni dans la capacité d'exercer pleinement ses fonctions de surveillance de maintien de la paix et d'observation ni ne disposer de toute l'autorité pour contrecarrer l'effritement de son rôle... », avait alors écrit Christopher Ross. Cette réalité oblitérante n'a pas échappé à la famille des organisations humanitaires et de défense des doits de l'homme qui ont apporté plus de crédibilité à un rapport qualifié de « partial et déséquilibré » par l'occupant marocain. Le témoignage du rapporteur spécial de l'ONU sur la torture et autres traitements cruels, inhumains et dégradants, Juan Mendez, et le réquisitoire du centre Robert F. Kennedy, attestent des violations à grande échelle des droits de l'homme au Maroc et dans les territoires sahraouis occupés. Le rapport de 11 pages de la fondation Kennedy, dressant le listing des cas de disparitions, de brutalité et de menace commis par les forces de police marocaine à El Ayoune, Dakhla et Smara, évoque, plus explicitement, l'existence d'un « quasi état d'impunité s'agissant des violations des droits humains » exercées dans « un climat de terreur ». Encore plus, le retour aux affaires de Christopher Ross, officialisé lors de la 67e session de l'Assemblée générale de l'ONU, se prévaut du soutien clair et fort de l'Espagne « à la recherche d'une solution stable et pacifique au Sahara occidental, qui prenne en compte le principe d'autodétermination du peuple sahraoui dans le cadre des principes et des résolutions de l'ONU », exprimé par José Manuel Garcia-Margallo, à l'issue de son entretien avec Ross. C'est le cas aussi de la Mauritanie qui « suit avec intérêt » et qui est attachée « à une solution juste et durable à même de garantir la sécurité dans la région et contribuer à l'édification d'un Maghreb arabe prospère ». Dans cet effondrement des mythes coloniaux, cette percée sahraouie consolide l'émergence d'un puissant consensus international. En Afrique, notamment, l'isolement marocain s'accentue. L'Afrique du Sud, la Namibie et le Mozambique ont à la fois exprimé leur préoccupation sur le retard enregistré par l'ONU pour l'organisation du référendum « libre et régulier » et la nécessité de la « mise en œuvre inconditionnelle et immédiate du plan onusien ». Le Maroc poussé dans ses derniers retranchements ?