« Notre choix a été effectué suite à la sollicitation des habitants de cette daïra. Il faut savoir, par ailleurs, que cette région est considérée comme l'une des plus enclavées du pays. Un autre facteur qui nous a poussés à choisir cette daïra est le fait que la wilaya de Tizi Ouzou est leader dans l'alphabétisation en Algérie. En effet, la wilaya possède un bureau de l'association au niveau de chaque daïra. Lors de l'ouverture de cette session, nous avons également enregistré l'inscription de 89 femmes, un chiffre qui n'a été atteint qu'à Tizi Ouzou », a-t-elle expliqué. Mme Barki a, par ailleurs, annoncé que le nombre de personnes ayant effectué un parcours d'alphabétisation est passé de 83 en 1993, à 1.452.000 en 2012. Pour ce qui est des tranches d'âge, elle a soutenu qu'elles s'étendent de 15 à 77 ans. La présidente de l'association Iqraa a, dans ce sens, expliqué que l'Algérie compte actuellement 22,1% d'analphabètes, selon les statistiques fournies par Office national d'alphabétisation et d'enseignement pour adultes. Un chiffre qu'elle doit réduire de moitié d'ici 2015 pour faire bonne figure lors de l'évaluation internationale des programmes de l'éducation. Quant au nombre d'enseignants enregistrés cette année, elle a déclaré qu'il est de 578. La présidente de l'association Iqraa, le président de la Ligue nationale d'alphabétisation, Abdelkarim Selidj, et la SG de l'Union nationale des femmes algériennes, Mme Karima Nouria Hafsi ont dénoncé « les dépassements de l'Office national d'alphabétisation et d'enseignement pour adultes (ONAEA) ». Pour eux, « il a changé la définition de l'alphabétisation. Alors qu'il a été créé dans un but de coordination, il s'est transformé en un parti décidant. L'ONAEA a multiplié les faux pas et les mauvaises décisions, à commencer par le système de recrutement des enseignants, de la gestion des salaires et de l'application du programme pédagogique », ont-ils soutenu. Ils ont expliqué qu'au départ, « les enseignants étaient des bénévoles. Toutefois, depuis que l'ONAEA a pris les choses en main, il favorise le recrutement des licenciés. Ces derniers occupent le poste pour un salaire de 16.000 dinars, le temps de trouver un meilleur emploi ». Sur ce point, Mme Barki a expliqué que les enseignants ne sont payés qu'à la fin de l'année. « Aussi, même s'ils (les responsables de l'ONAEA) ont décentralisé le système de paiement, les enseignants se retrouvent toujours dans les mêmes travers. D'ailleurs, ils ne sont payés qu'à la fin de la session ». Les intervenants ont aussi dénoncé « la gestion des fonds par l'ONAEA ». « Nous ne bénéficions d'aucune aide matérielle, alors que l'ancien ministre de l'Education nationale avait insisté, à l'époque, sur l'attribution d'un budget pour les associations, car il faut savoir que nous sommes des organisations non-gouvernementales », a précisé Mme Barki. Les trois partenaires ont également insisté sur « les programmes non adaptés, appliqués par l'ONAEA ». « Ils ont chargé des équipes pédagogiques pour préparer les livres. Il s'agit d'un seul livre pour tous les niveaux. Or, nous, et suivant les instructions du président de la République et du ministère de l'Education nationale, nous avons produit sept livres pour l'enseignement de ces personnes. Ainsi, nous voulions proposer un programme diversifié, selon le milieu social et l'âge de la personne. Mais, ils nous ont écartés pour appliquer leur programme », a assuré Mme Barki. Mme Hafsi a, par ailleurs, soutenu que « les hommes, surtout dans les régions enclavées, ne sont pas vraiment enclins à autoriser les femmes à étudier. Notre travail est donc assez difficile dans ces conditions. Et pour ne rien arranger, l'ONAEA ne nous facilite pas la tâche », a-t-elle conclu.