Le Soudan veut s'adapter à la dynamique du « printemps arabe ». A la conférence quadriennale, regroupant près de 5.000 militants islamistes dont 170 venus de 30 pays (Tunisie, Egypte, Qatar, Yémen, notamment), le mouvement islamique a plaidé l'urgence du renouvellement des élites dirigeantes pour injecter du « sang nouveau » et répondre à « un sentiment général d'un besoin de changement ». C'est ainsi que le vice-président, Ali Osmane Taha, qui quitte le mouvement après son second mandat, a plaidé pour des changements en vue d'une nouvelle Constitution pour le Soudan et d'une amélioration des libertés. A la tête de l'Etat depuis 23 ans, à la faveur du coup d'Etat qui a porté au pouvoir Béchir El Omar en alliance avec le radical, Hassan Tourabi, aujourd'hui évincé, l'islamisme à la soudanaise souffre des divisions internes. La tentative de réconcilier les « frères ennemis », entreprise par le Palestinien de Hamas, Khaled Machaâl, et le Tunisien Rached Ghannouchi, présents à la conférence, a lamentablement avorté. Elle a été rejetée par Tourabi, présidant aux destinées du Parti du congrès du peuple (PCP) acquis à l'idée que toute unification du mouvement doit passer nécessairement par la liquidation du régime et la mise en place d'un gouvernement de transition chargé de l'organisation des élections. La montée au créneau de l'aile réformatrice, jugeant le régime très éloigné de ses fondations religieuses, et dénonçant la corruption endémique, pourrait conduire à « une nouvelle division » d'un mouvement hétéroclite, composé de la majorité des dirigeants du PNC (Parti du congrès national) au pouvoir dont une infime minorité (12%) d'entre eux est membre. Par ailleurs, la succession plane dans un congrès marqué par la volonté de Béchir Omar, affaibli et poursuivi par la CPI, de se retirer de la présidence du PNC. Le SG sortant du mouvement islamiste, Osman Taha, en successeur potentiel ? Au sein du mouvement, la cause était entendue avec le retrait de la course du candidat modéré, l'ancien conseiller de Omar El Béchir, Ghazi Salaheddine, œuvrant à la consécration de l'indépendance du mouvement par rapport au gouvernement. Ce sera, en définitive, l'un des fidèles du régime et le président de la commission de l'économie au Parlement, Al-Zubeiri Ahmad-El Hassan, qui prendra les rênes du mouvement pour mener le changement dans la continuité.