« Le taux de mortalité natale demeure inexpliqué du fait, d'une part, de l'accès aux soins et aux structures de santé dont dispose le pays et, d'autre part, du fait que près de 97% des accouchements se font en milieu assisté », relève un professionnel de la santé au niveau d'une structure de protection maternelle et infantile (PMI) à Alger. Ce même responsable ajoutera que 86 % des décès des enfants de moins d'un an sont le fait de la mortalité néo-natale. C'est-à-dire des enfants âgés de 0 à 29 jours. Selon les statistiques fournies par le ministère de la Santé, le nombre de décès de 1970 à 2011 des enfants âgés de moins de un an pour 1.000 naissances vivantes a baissé. En 1970, il était de 142 décès. Ce nombre a chuté jusqu'à 23,1 décès en 2011. Comparé aux autres pays développés (entre 6 et 7 décès de moins d'un an pour 1.000 naissances vivantes), les niveaux observés jusqu'à l'heure en Algérie (23,1 pour 1.000 naissances vivantes) restent toujours un sujet de préoccupation en matière de santé publique. C'est pour cela que le professeur A. Ziari, ministre de la Santé, de la Réforme hospitalière et de la Population a décidé d'accorder la priorité à la lutte contre la mortalité péri-natale. Dans ce cadre, une série de mesures a été prise pour réactiver le programme national de périnatalité qui a été mis en place en 2005. A l'époque, ce programme n'a connu qu'une timide application. L'un des objectifs escomptés de ce programme est de surveiller toutes les étapes de la grossesse de la future maman en vue de l'amener à accoucher dans de meilleures conditions de santé pour elle et pour son bébé. Concernant le nouveau-né, il s'agit de le prendre en charge au moment de l'accouchement et de l'accompagner durant les 29 jours qui suivent sa naissance en veillant à dépister toute maladie ou tare pouvant mettre en danger sa survie. Dans le cadre de ce programme de périnatalité, désormais tous les services de gynécologie obstétrique seront dotés d'un service ou d'une unité de néo-natologie. Elle sera chargée du suivi de l'ensemble des nouveaux-nés. Selon ce même responsable, la mise en œuvre de ce programme permettrait de diviser, selon les spécialistes, par deux le taux de mortalité pour les trois années à venir, autrement dit réduire de 50% le nombre de décès. De ce fait, on aura un gain ou survie de 15.000 enfants par an. Seul bémol, il y a un manque flagrant de gynécologues. Mais les spécialistes de la santé estiment que le système de santé gagnerait à ce que la formation médicale spécialisée se fasse sur la base des besoins du système de santé du point de vue quantitatif et qualitatif. En d'autres termes, il faut former davantage dans les spécialités dont on a besoin et les adapter aux nouvelles réalités épidémiologiques. Malheureusement, ce n'est pas le cas car il n'y a pas de concertation entre les secteurs concernés. En attendant, beaucoup de femmes enceintes arrivant à terme, continuent d'être ballottées d'un service de maternité à un autre. A l'hôpital de Kouba, elles sont entassées à 6 dans une chambre minuscule. Même le couloir est réquisitionné pour les parturientes. Pire, le manque de couveuses est flagrant. Un collègue dont le nouveau-né a eu des complications à la naissance a dû recourir à une connaissance pour lui trouver une couveuse dans un CHU de la capitale. Un autre citoyen dont l'épouse a accouché dans une structure privée a perdu le bébé né avec des complications respiratoires, faute de couveuse et de prise en charge spécialisée. Dans une commune d'Adrar, les femmes doivent faire un trajet de 140 km pour trouver une structure semblable à une PMI pour y accoucher. Sur cette distance, beaucoup de femmes ont rendu l'âme ainsi que leurs bébés. Plusieurs projets en cours Plusieurs projets ont été inscrits cette année à l'indicatif du ministère de la Santé pour répondre aux besoins de la prise en charge de la mère et de l'enfant et faire baisser le taux de mortalité infantile. Ainsi, il a été prévu dans la wilaya d'Alger : un hôpital de pédiatrie de référence à Baba H'cène ; trois nouveaux hôpitaux de 240 lits à Baraki, Chéraga et Draria dotés de services de maternité, de néonatologie et de pédiatrie. Comme il a été programmé : cinq projets de maternité urbaine de 150 lits chacune – Mère –enfant- avec des services de gynécologie, de néonatologie et de pédiatrie à Douéra, Hamma, Hussein Dey, Ain Benian et Rouïba ; Un complexe Mère-enfant de 80 lits à Baba H'cène dont les études ont été achevées et les travaux sont à un stade avancé.