Le général François Bozizé, qui renversait le président Ange-Félix Patassé en 2003, vit-il ses dernières heures de chef d'Etat ? Les 300 à 400 rebelles du Seleka (une alliance formée en 2006) qui ont pris les armes le 10 décembre pour réclamer le respect de l'accord de paix signé entre 2007 et 2011 par le régime et pris en moins de deux semaines, trois villes stratégiques, Bria (cité diamantifère du centre), Bambari (cité aurifère du centre-sud) et Kaga-Bandoro (centre-nord), stationnent depuis jeudi aux portes de Bangui, la capitale de ce pays enclavé de cinq millions d'habitants et classé parmi les plus pauvres au monde, malgré ses richesses minières et agricoles. Un indice qui ne trompe pas sur ce qui pourrait se passer dans les prochains jours : 200 employés travaillant pour les Nations unies et les USA ont pris « la poudre d'escampette ». La France, ex-puissance coloniale, refuse d'apporter son soutien au président et à une armée régulière centrafricaine incapable de juguler l'avancée de la rébellion. « La France n'est pas en Centrafrique pour protéger un régime. Ce temps-là est terminé ». C'est en ces termes que François Hollande a répondu à l'appel du président centrafricain. Comme un malheur n'arrive jamais seul, même le Tchad, allié traditionnel du Président, se prépare à un rôle d'interposition entre les deux parties. Bozizé, qui attendait une aide de la force multinationale d'Afrique centrale, déjà présente sur les lieux, doit désenchanter. Cette dernière refuse de « sécuriser » Bangui où quelque 300 femmes, réunies à l'initiative d'associations proches du régime du président Bozizé, ont défilé, hier, pour demander aux rebelles, qui menacent la capitale, de « cesser le combat » et de « réclamer la paix ». A New York, le Conseil de sécurité, tout en demandant aux rebelles de cesser « immédiatement les hostilités, de se retirer des villes occupées et de cesser toute progression vers la capitale », a appelé toutes les parties à chercher « une solution pacifique » à leurs différends. Aux dernières nouvelles, une mission de conciliation de la Communauté économique des Etats d'Afrique centrale est sur les lieux pour tenter d'amener le pouvoir et les rebelles à la table des négociations, probablement à Libreville d'ici le 10 janvier prochain.