Mohya. Un nom. Cinq lettres, tout un monde d'écriture autour de lui et en lui. Mohya a été celui qui a propulsé sur les planches l'expression du théâtre amazigh version universelle. L'homme de théâtre, le poète, le traducteur, le parolier autant de cordes à son arc, qui ont fait de ce mathématicien, un personnage de la littérature amazighe. C'est un choix pour Muhand U‘Yahia que de s'éloigner sciemment des compétences mathématiques malgré des études à l'étranger dans une grande école d'ingénieurs et un DEA, ayant choisi d'écouter l'appel des muses , notamment Calliope ( éloquence et poésie épique), Euterpe (musique) et Thalie (Comédie). Mohya est le premier auteur d'expression amazighe à s'être impliqué dans un jeu différent de ses aînés de la chaîne II ou du théâtre radiophonique. Mohya, on parle toujours de lui comme « d'une légende » dès lors qu'il a eu la hardiesse ou l'audace d'adapter des pièces du théâtre moderne dans sa langue natale. De grands textes d'auteurs dramatiques tout aussi célèbres, ont été traduits et adaptés en tamazight. Qui d'autres que Mohya aurait pu y penser ? Jusqu'à ce qu'il vienne à ouvrir tamazight aux théâtre moderne, aucun autre que lui ne s'est aventuré à le faire. Il aura, sans aucun doute, posé la première pierre de ce qui est la production artistique et culturelle en tamazight nationale sous toutes ses formes. Kateb Yacine, Sartre, Brecht, Molière, Beckett et Lu Xun, sont les auteurs et architectes de la littérature contemporaine dont Mohya a traduit les textes pour les adapter « au théâtre algérien » d'expression amazighe. « Ce n'est donc qu'après avoir disséqué une oeuvre, afin d'en percer les secrets, que l'adaptateur procède au travail d'adaptation proprement dit, c'est-à-dire à la reconstruction de celle-ci au moyen de matériaux qu'il puise dans son environnement culturel », telle est sa réponse lors d'un entretien expliquant l'art de l'adaptation et de la traduction. Outre son travail au sein du IV art, le regretté Muhand U Yahia a laissé une œuvre littéraire composée de textes en poésie, dont certains ont été mis en musique, de nouvelles, de contes et fables, qui ont fait le délice des connaisseurs. Leïla Nekachtali L'auteur Mohya, est né le 1er novembre 1950, à Azazga. Sa famille est originaire de la commune d'Ibudraren. Brillant élève au lycée de Tizi Ouzou, il décroche son bac en 1968, à 18 ans. Il entre à l'université d'Alger où il poursuit des études supérieures en mathématiques. Après l'obtention de sa licence en maths, il entre à l'Ecole d'ingénieurs en hydraulique de Strasbourg (France). La plume aura raison de lui et des ses connaissances en mathématiques, puisqu'il endossera d'abord l'habit de poète, pour prendre ensuite son bâton de pèlerin et suivre les chemins du IV art.