Le retrait des troupes françaises, engagées au Mali depuis le 11 janvier, ne commencera pas « au plus tard début mars », comme l'a affirmé François Hollande dans l'euphorie de la « débandade » des groupes terroristes. « Difficile » de donner un calendrier précis, affirme Jean-Yves Le Drian, son ministre de la Défense. « Le début s'est passé très, très rapidement, nous sommes maintenant au cœur du conflit, nous sommes dans des combats très violents dans ce qu'on appelle l'Adrar des Ifoghas, la partie nord-est du Mali qu'il nous faut libérer complètement. L'intervention française durera jusqu'à ce que de ce secteur-là (soit) libéré. Dit-il sur RTL, chiffrant « à un peu plus de 100 millions d'euros » le coût de Serval, l'opération militaire française. Soit un tiers de l'opération de 2011 en Libye, qui a duré sept mois. « Si les choses évoluent normalement, nous pourrons commencer à partir avant la fin du mois de mars », indique Laurent Fabius, le ministre des Affaires étrangères. Autrement dit, « Serval » n'a pas encore atteint l'objectif pour lequel elle a été montée. Pis, selon certains experts, on assiste, depuis une semaine, au redouté scénario de « l'ensablement » au Nord-Mali. Comme pour « montrer » que la France s'est piégée en lançant « seule » Serval, ils rappellent une évidence : l'incapacité de l'armée malienne et des contingents militaires promis par les Etats de la Cédéao de défendre les localités libérées contre les groupes terroristes ou de respecter les droits de l'Homme. « Tout dégagement des forces françaises, disent-ils, tournerait à l'échec de l'opération Serval ». La guerre au Nord-Mali serait-elle à ses débuts ? Fort probable. De retour du Mali, deux sénateurs américains ont appelé, lundi, la France à rester engagée militairement au Mali au-delà de mars. « Je suis inquiet des déclarations publiques optimistes des Français, selon lesquelles ils ont réussi à disperser les extrémistes », déclare Christopher Coons, spécialiste de l'Afrique à la commission des Affaires étrangères, estimant que « la stabilisation de la situation pourrait requérir une présence militaire française plus durable ». Comme pour corser la situation, les terroristes qui sévissent au Mali sont appuyés par ceux qui activent dans tout le Sahel, les autorités maliennes qui ont saisi la Cour pénale internationale sur les crimes commis au Mali depuis janvier 2012 tardent à mettre en œuvre leurs engagements (dialogue inter-malien, préparation des élections, respect des droits de l'Homme) et l'Afrique de l'Ouest dont les troupes sont censées prendre le relais de l'armée française, réclame 715 millions d'euros.