Photo : Riad Par Karima Mokrani Se référant à des données chiffrées, rendues publiques par l'ancien ministre de l'Education nationale, Boubekeur Benbouzid, dans son livre sur les réalisations de la réforme, Idir Achour, porte-parole du Conseil des lycées d'Algérie (CLA) avance un taux de 60% d'échec scolaire en Algérie. «Durant l'année scolaire 1999/2000, le nombre d'élèves inscrits en première année primaire était de 718 311. Ce nombre est descendu jusqu'à 392 514 l'année 2011/2012, c'est-à-dire l'année de terminale pour ces mêmes élèves qui sont entrés à l'école en 1999/2000. Sur ces 392 514 élèves, 250 000 ont passé leur bac pour la première fois, les autres sont des doublants ou des candidats libres. Le taux de réussite à l'examen du baccalauréat était de 55%. Si on fait le calcul, à partir des données de l'année 1999/2000, on trouvera que le taux d'échec avoisine les 60%», a indiqué le représentant du CLA, lors d'une conférence de presse tenue hier à Alger. Et ce dernier de poursuivre, avec une grande assurance: «Ma source est sûre. C'est une source officielle.» Il s'agit de l'ancien ministre de l'Education nationale, Boubekeur Benbouzid: «J'ai pris ces chiffres du livre du ministre Boubekeur Benbouzid que voici. Ça parle de la réforme. Le ministre en fait sa lecture, moi j'en fais la mienne.» Le constat est critique mais l'étonnant en cela, c'est que «le niveau des élèves du nouveau système est bien meilleur que celui de l'ancien système. Le nouveau système est 2 à 3 fois meilleur que l'ancien. Le fondamental est un vrai massacre», relève le syndicaliste. Un constat appuyé par les résultats d'une enquête menée par le CLA qui a tout de même confirmé le niveau faible des élèves dans les matières essentielles, en l'occurrence les mathématiques et les langues, la non correspondance des programmes avec la réalité du terrain, la surcharge des classes et du volume horaire…et autres. Autrement dit, le CLA ne remet pas en question la réforme mais lui trouve de grandes lacunes et ces dernières doivent être corrigées au plus vite, soit à l'entrée scolaire prochaine, pour prévenir de nouvelles erreurs et de nouveaux échecs. «Nous voulons prendre à témoin l'opinion publique nationale sur notre refus de cautionner une démarche qui risque d'aller à l'encontre des objectifs escomptés. Nous avons participé aux concertations, fait nos propositions mais nous ne pourrions être formels sur le contenu des rapports transmis à la hiérarchie. Ces concertations sont une mascarade. Nous avons nos raisons de croire que le débat engagé par le ministère pour soi-disant réformer la réforme est déjà balisé. Nous rendons publiques donc nos propositions aujourd'hui pour qu'à l'avenir on ne nous accuse pas d'être partie prenante d'une éventuelle démarche qui s'avèrera une fausse solution à un véritable problème», affirme le représentant du CLA. L'enquête menée par le conseil a ciblé plus de 400 enseignants. Les questions ont porté sur l'enseignement des mathématiques, des langues, ainsi que la définition de l'approche par compétences. Les réponses des enseignants ont confirmé le malaise régnant dans le secteur et les difficultés aussi bien pour les enseignants que les élèves de donner et de suivre les cours dans des conditions favorables. Le drame, c'est que plus de 80% des enseignants interrogés ne connaissent pas la définition exacte de l'approche par compétence. «Seuls 4% ont donné la réponse juste. 75% ont donné des réponses confuses et 7% une réponse qui est fausse. Le reste n'a pas donné son avis.» L'approche par compétence, censée ramener le changement véritable dans la méthode d'enseignement et développer l'esprit critique et la créativité des élèves, est mal comprise. Les moyens de son application font également défaut, poursuit le représentant du CLA, entre autres problèmes rencontrés sur le terrain pour cela. Les propositions de l'organisation autonome pour ramener le changement sont: améliorer les structures d'accueil en fonction de la croissance démographique de façon à éviter la surcharge des classes, procéder à une révision réelle des programmes et libérer l'école de l'idéologie, aider l'élève à développer l'esprit critique, lui donner du temps pour des activités de loisirs, revoir les horaires, redonner à l'enseignement technique sa place, instaurer la recherche pédagogique et revaloriser la connaissance et le savoir. Des propositions de solutions, parmi d'autres, qui s'avèrent nécessaires et urgentes, selon le CLA.