Poète célèbre du Sud algérien, Abdallah Ben Kerriou a vécu une histoire d'amour impossible digne de Qays et Leila ou de Roméo et Juliette. Toute sa vie, Ben Kerriou n'a aimé qu'une femme, Fatna Zaanounia. Seulement, le Bach Agha Ben Salem, père de Fatna, ne l'entendait pas de cette oreille. Scandalisé par les poèmes enflammés de Ben Kerriou pour sa fille, il refusera catégoriquement de lui accorder sa main. Fatna est mariée de force à son cousin puis à un commerçant. Abdallah, lui, enchaîne les mariages malheureux. La mort emportera les tourtereaux sans que leur union soit officialisée. Cet amour tragique fut immortalisé dans des poèmes d'une grande beauté, notamment le fameux poème « Gamr ellil » où Ben Kerriou conjugue ses deux passions pour Fatna et pour l'astronomie. « Je me sens réconforté en compagnie de l'astre de la nuit, je retrouve en elle des traits qui satisfont mon esprit. Compagnons, j'ai une amie qui lui ressemble. Le plaisir que j'ai à la contempler rend douces mes veillées », chante-t-il dans cette œuvre magistralement interprétée par Khelifi Ahmed. Il faut dire que l'écriture d'Amele El Mahdi est très moderne. Elle a réussi à raconter une histoire complètement folle à la fois fidèle, très personnelle et personnalisée. Tout en narrant le texte original, l'auteure ancre le récit dans une époque très contemporaine entre amour et tare humaine... Tout en étant très fidèle à l'histoire, Amele El Mahdi propose une vraie vision qui transparaît dès les premiers chapitres de son roman. Amele El Mahdi adopte un style nerveux et survolté, ultra cohérent tout au long de l'histoire, des expérimentations pimentent le roman et de vrais recherches graphiques soulignent cette volonté de proposer une œuvre avec une vraie identité propre, la narration de l'histoire est absolument sublime comme en attestent certains passages. Une œuvre unique, personnelle et accessible, qui atteste du génie et du talent d'Amele El Mahdi. Professeur de mathématiques, Amele El Mahdi Bensenouci est née à Blida en 1956. Ses premiers écrits datent des années 90, lorsqu'elle publie plusieurs articles dans un quotidien francophone. Durant son séjour dans le Sud algérien (El Goléa, Ghardaïa, Laghouat), elle découvre l'histoire de cet amour impossible du célèbre poète Abdallah Ben Kerriou pour la fille d'un Bach Agha. Désireuse de faire connaître cette idylle tout aussi fantastique que celle de Quays et Leila, elle en a fait le sujet de son premier roman. Samira Sidhoum Amele El Mahdi, « La belle et le poète », éditions : Casbah, prix public : 550 DA