« Abandonnés » depuis le 29 avril par les paramédicaux, les maux des malades hospitalisés devront s'accentuer, cette semaine. Et pour cause, les médecins, médecins spécialistes et professeurs des CHU et autres établissements de santé publique seront à partir d'aujourd'hui, en grève de trois jours à l'appel l'Intersyndicale de la santé. Les médecins affiliés aux 4 syndicats (SNPSSP, SNPSP, Snapsy, SNPEPM), ont affiché, hier, leur intention d'adhérer au mouvement de débrayage au niveau du CHU Mustapha-Pacha. La majorité du personnel interrogé estime que le mouvement de grève est légitime. « Cette démarche exprime simplement le maintien de notre plateforme de revendications composée de 14 points », a indiqué un médecin au service des urgences. Son collègue enchaîne : « nous sommes déçus par la non-satisfaction de nos revendications, après huit mois d'attente, et ce, en dépit des instructions du Premier ministre. Malgré tout, l'intersyndicale est prête au dialogue afin d'éviter la pénalisation du malade ». M. M., médecin au niveau du service de médecine interne, souligne que ses collègues sont « las des réunions sans lendemain. Le débrayage est la seule alternative pour être écoutés ». Les revendications ? Elles portent principalement sur la révision de le statut particulier et du régime indemnitaire. En revanche, les médecins assurent leur disponibilité sur les lieux de travail pour prendre en charge les cas les plus urgents. Qu'en pensent les malades et leurs familles ? Ils affichent leur crainte quant à l'aggravation de leur état de santé. « Cela fait plus d'une semaine que je prends mes médicaments, je fais mes injections tout seul et maintenant je serai privé du contrôle médical », indique un malade hospitalisé au service du médecine interne du CHU Mustapha-Pacha. Une femme accompagnée de son enfant nous dit : « Le serment d'Hippocrate n'est pas respecté en Algérie ». Sa fille devait subir une intervention chirurgicale. Outrée, elle affirme qu'elle va se rendre dans une clinique privée tout en menaçant d'ester en justice les auteurs de la grève. Même sentiment exprimé au service néphrologie. Une femme ne sait plus à quel saint se vouer. « L'état dans lequel se trouve mon enfant lui suffit amplement, nous avons déjà assez souffert comme ça, il nous reste que ça (la grève) », lance-t-elle, scandalisée avant d'ajouter « pourquoi, ce sont toujours les malades qui payent les pots cassés ? » Pour ce qui est du service minimum, promis par les syndicalistes et les médecins grévistes, les malades ne comprennent pas le sens de cette notion. « Tous les cas sont délicats. Ceux qui ne nécessitent pas une assistance médicale sont à l'extérieur, pas dans les hôpitaux », résume cette septuagénaire hospitalisée.