Le voyage dans cette contrée, dans le cadre d'un séjour organisé par l'Office national du tourisme tunisien au profit de la presse nationale, démontre une fois de plus que le tourisme, c'est non seulement des infrastructures irréprochables, des sites de rêve mais c'est surtout une mentalité et une éducation qui accepte l'autre, venu savourer un moment de dépaysement, un retour aux sources ou de pèlerinage. Notre voyage est imprégné d'une appréhension, en tant qu'Algérien. Les informations faisant état de la montée de la violence freinent quelque peu toute ardeur de venir en Tunisie, ce pays tant apprécié. Mais, une fois à l'aéroport de Tunis-Carthage en cette journée du 20 avril, cette « crainte » s'est vite dissipée. C'est une véritable fourmilière. Sept avions en provenance de différents pays atterrissent à la même heure. L'activité aéroportuaire est impulsée. Première halte : l'hôtel Palm Marina El Mouradi de Sousse. Lancée dans l'aventure de la redécouverte, du bien-être et de l'allégresse Construit dans un style arabo-andalou à proximité de la marina du Port El Kantaoui, El Mouradi est un hôtel dédié à la détente sur sa plage au sable fin qui fait le bonheur des clients venus des pays d'Europe de l'Est où le mercure en cette période reste bas ; les séniors pour les cures thermales et les soins qu'il prodigue. Pas moins de 30 cabines de soins, un hammam, une salle de fitness et deux saunas sont mis à la disposition des clients. Ces derniers déambulent avec femmes et enfants en toute quiétude. « La chaîne El Mouradi comprend 18 hôtels avec une capacité totale de 10.000 lits. 60 % des 385 chambres ont une vue sur la mer. Nos clients viennent de Belgique, de Croatie, de Serbie, de Russie et d'Angleterre. Les séniors, toutes nationalités confondues, les Russes et les Français sont des clients avérés des spas. La qualité des soins et les tarifs pratiqués sont un facteur déterminant. Les clients d'origine algérienne viennent en particulier durant la saison estivale et pour le jour de l'an », déclare Sid Ahmed El Gafsi, responsable marketing de l'hôtel. Sa position et son intérêt à faire valoir son produit ne l'ont pas éloigné de la réalité vécue. « Certes, le tourisme après la révolution a connu quelques difficultés mais l'année d'après, une reprise est observée ». Le tourisme en Tunisie est l'un des secteurs les plus dynamiques de l'économie de ce pays et une source de devises. 400.000 postes d'emploi directs et indirects sont offerts. Depuis 2011, le secteur est confronté à la crise, enregistrant la perte de 3 millions de visiteurs et 3.000 postes d'emploi. L'hôtel Sarah de Hammamet a même mis la clé sous le paillasson. Malgré tout, les professionnels restent optimistes. Le tourisme, avec 1,7 milliards d'euros de rentrée, soit 8 % du Pib, a un effet d'entraînement sur d'autres secteurs économiques, tels que le transport, les télécommunications, l'artisanat, le bâtiment... En somme, c'est une dynamique sociale de premier ordre. Elle s'est d'ailleurs fixé comme objectif de se rapprocher des dix millions de touristes à l'horizon 2014. Le tourisme vert et de soins, des créneaux prometteurs Destination de masse, la Tunisie veut promouvoir un tourisme haut de gamme et s'efforce ainsi de diversifier son offre de loisirs. Avec le tourisme vert, plus de huit terrains de golf et dix centres de thalassothérapie sont mis à la disposition des clients. « En 2010, nous avons reçu 1.600.000 Algériens. Après la révolution, c'est-à-dire en 2011, la Tunisie a accueilli 700.000 touristes algériens, soit une baisse de 30 %. En 2012, ce sont 900.000 Algériens qui se sont rendus en Tunisie, ce qui est très important. A partir du mois de mars, nous avons constaté une légère amélioration au niveau des entrées des touristes en Tunisie à la suite de la stabilité constatée, surtout sur le plan sécuritaire », affirmera M. Oussama Khalfallah de l'Office national du tourisme tunisien. Pour l'Office, le tourisme de voisinage (envers l'Algérie et la Libye) reste prometteur. D'ailleurs, au mois d'octobre 2012, les ministres algérien et tunisien du Tourisme ont signé un accord, dans le cadre de la commission mixte pour le développement du tourisme commun. La création des circuits combinés et communs comme celui de Saint-Augustin pour le commercialiser et le promouvoir au niveau du marché européen. Pour ce qui est des spas, les deux testing à l'hôtel Marina El Mouradi et Le Royal ont démontré que la qualité des soins n'est pas un vain mot. En effet, dès le seuil du centre franchi, des serviettes pliées sous forme de cygnes, des pétales de roses rouges éparpillées dessus, des bougies parfumées alignées dans le hall, plongent le client dans l'ambiance de soins relaxants et de bien-être. Une fois le choix du soin effectué, un passage auprès du médecin du centre de soins par eau, connu sous le nom de spa, est conseillé. Deux kinésithérapeutes et trois masseurs couvrent les besoins des clients. Loubna, technicienne supérieure en kiné, reste à l'écoute de ses clientes. Le même savoir-faire est perçu auprès du personnel du spa de l'hôtel Le Royal. Dans ce SPA récupéré depuis seulement 3 ans auprès du précédent gérant français et managé de main de maître par Mme Mouna, un centre médical pour des soins de la peau (botox, blanchiment des dents) est aménagé. Les séniors européens sont friands de ces soins pour leur qualité et les tarifs pratiqués. Terre d'hospitalité et de tolérance Tout au long du séjour, bien que les déplacements soient programmés et sélectionnés, les visites des régions touristiques (Hammamet, Sousse et le port El Kantaoui, Sidi Bousaïd et la Casbah de Tunis), ont été un véritable test de la popularité de ce pays auprès des étrangers qui sont partout omniprésents. Toutes les nationalités sont représentées avec une légère prédominance des Français. Il y a les habitués mais aussi ceux qui viennent pour la première fois. La « révolution du jasmin » n'a pas influé sur le flux touristique. Une famille originaire de Tours (France) a choisi la Tunisie pour les vacances scolaires des enfants. « Nous sommes émerveillés devant la beauté du site, l'hospitalité des gens et le rapport qualité-prix », dit Nadine, la maman. Dans une rue de Sidi Bousaïd, bien qu'un attentat contre le mausolée de cette belle ville du nord de Tunis a été perpétré, des touristes étrangers se promènent en toute quiétude. Un couple d'Anglais en est à sa onzième visite. « C'est un pays agréable et beau où le touriste retrouve le dépaysement recherché dans un cadre propre et calme », explique l'époux. Dans les dédales de la ville où de superbes maisons sont nichées, un groupe de religieuses contemplent la beauté du site. Sœur Gérard-Marie, vice-présidente de l'association « La voix de l'enfant » de Bizerte, recadre les appréhensions des uns et des autres. « La Tunisie est un paradis où je suis née. Je vis à Bizerte depuis 45 ans et des relations amicales sont tissées avec l'ensemble des habitants de cette ville. Personne ne peut comprendre ce que nous vivons de positif, si les gens jugent l'islam par la violence, c'est dommage ! On n'a rien ressenti comme changement mais une attention plus grande à notre égard est exprimée. Les gens nous demandent, souvent, si tout va pour le mieux. Le positif de la révolution est que les gens s'expriment beaucoup plus mais certains imposent des comportements sans rien savoir de l'islam ». Le changement survenu après la révolution reste confiné dans la liberté d'expression. Comme il a généré une situation d'anarchie. Le marché informel a élu domicile sur la principale avenue tunisoise, Habib-Bourguiba. Pour Maher, 25 ans, « c'est la seule manière de gagner de l'argent et subvenir aux besoins de la famille ». Un discours appris par tous ceux qui déballent une marchandise hétéroclite sur un trottoir qui reste jonché de détritus à la fin de la journée. Un chauffeur de taxi algérien, assurant la liaison Annaba-Tunis, dit simplement « Ils (les Tunisiens) sont entrés dans un mur, mais ne le savent pas ». Une phrase qui en dit long sur le changement opéré en Tunisie. Une Tunisie toujours égale à elle-même, terre d'un tourisme méritoire.