Pour se positionner vis-à-vis des salafistes extrémistes d'abord, de ceux qui accusent son « gouvernement » de laxiste ensuite. « Nous sommes en état de guerre avec les extrémistes », dit-il, se démarquant ainsi, et pour la première fois, des groupes qui se sont autoproclamés « djihadistes. « Il n'y a pas de place, il n'y a pas d'avenir pour les groupes terroristes en Tunisie. C'est un Etat de paix, c'est une République civile. Pas de djihad armé en Tunisie et nous ne permettrons à quiconque de menacer la sécurité des Tunisiens », souligne-t-il dans une conférence de presse, excluant tout dialogue avec eux. « Il faut les éradiquer parce qu'ils sont armés et menacent le pays », souligne-t-il. Tout en qualifiant ces derniers, d'« auteurs d'actes lâches », d'« irresponsables » et de « sans notion de religion ou politique », Ghannouchi se veut rassurant, excluant « toute crainte de guerre civile » dans le pays. « La menace terroriste était plus grave sous le régime déchu de Zine El Abidine Ben Ali et même lors du gouvernement Caïd Essebsi qu'elle ne l'est actuellement », dit-il. « Ce qui s'est passé à Soliman et à Rouhia était plus grave que ce qui se passe actuellement au djebel Chaâmbi, même s'il s'agit d'un crime colossal », ajoute-t-il pour relativiser le danger. A Soliman, à une quarantaine de kilomètres de Tunis, les forces de sécurité tunisiennes ont combattu, fin 2006-début 2007, un groupe d'une trentaine de djihadistes (15 morts, dont 12 terroristes). A Rouhia, en mai 2011, des combats ont opposé des militaires et à groupe terroriste (4 morts). « C'est inquiétant », admet-il avant de demander à la classe politique, ses « enfants » salafistes non violents y compris, de faire un « front commun » pour combattre ce « phénomène international, multidimensionnel » qui « est né dans des quartiers pauvres » et de réaliser au plus vite que « le djihad doit être mené contre la pauvreté et le chômage », reprenant ainsi une citation célèbre du regretté Habib Bourguiba, le premier président de la République tunisienne. Un « djihad » qu'il compte réaliser avec toutes les forces politiques et sociales qui ont adhéré à l'initiative du dialogue national. « Surtout, nuance-t-il, si les journaux et ceux qui disent que la Tunisie va vers la guerre » cessent d'« exagérer » les faits. Ces derniers persistent et signent. Pour eux, le gouvernement continue à faire preuve de laxisme, notamment vis-à-vis « des salafistes qui ont pris sous leur coupe les mosquées et permis à al-Qaïda de s'y implanter ». Hier, quelques centaines de policiers, militants des droits de l'Homme et représentants de partis politiques ont manifesté contre le « terrorisme » devant l'Assemblée nationale constituante. Parmi les slogans : « La Tunisie est libre, le terrorisme dehors » et « Nous soutenons les forces de sécurité et l'armée dans la guerre contre le terrorisme ».