Un double attentat-suicide perpétré avec des 4×4 bourrés d'explosifs, a ciblé, jeudi matin, à une demi-heure d'intervalle, un camp militaire à Agadez, la grande ville du Nord du Niger, et la centrale électrique de l'usine de traitement d'uranium d'Areva, située à 7 kilomètres d'Arlit, à 240 km plus au nord et 200 km au nord de Niamey. Leur auteur : le Mujao (Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest), un groupe de narcoterroristes très actif qui occupait le nord du Mali depuis 2012 avant d'en être chassé en janvier. Bilan de cette « opération Abou Zeïd » assumée par le groupe : 25 morts, dont 18 militaires en formation à Agadez, 49 blessés et beaucoup de dégâts matériels. « Les assaillants qui portaient des ceintures d'explosifs ont profité de la relève de la garde et de l'heure de la prière pour forcer l'entrée de la caserne », explique Marou Amadou, le ministre nigérien de la Justice. L'un des trois assaillants s'est ensuite fait exploser dans une chambrée. Les deux derniers, retranchés dans d'autres chambrées, ont été abattus, hier matin, par les forces spéciales françaises en collaboration avec les Nigériens. Les terroristes, qui auraient bénéficié de complicités locales pour pouvoir s'infiltrer dans les deux sites (Agadez et Arlit), « prétendent avoir puni le Niger pour sa coopération avec la France dans la guerre contre la charia » au Mali. Considérant cette attaque comme un défi, Paris,qui a déployé depuis des mois un impressionnant dispositif sécuritaire et militaire pour protéger Areva, déploie ses forces spéciales à Agadez et à Arlit. Mission : traquer le Mujao et Mokhtar Belmokhtar, le chef des « Signataires par le sang » qui aurait « supervisé » les plans de cet acte barbare. L'Algérie, qui a été victime en janvier d'une prise d'otages massive et sanglante sur le site gazier d'In Amenas dirigée par Belmokhtar, a condamné avec « la plus grande fermeté » cet acte terroriste. L'Union européenne, les Etats-Unis et l'ONU, aussi. Avec la situation malienne, l'instabilité dans le Sud libyen et l'activisme de Boko Haram au Nigeria, le Niger a probablement raison de s'inquiéter.