Khartoum et Juba, qui ont divorcé en juillet 2011 et convenu en mars dernier de reprendre leurs exportations de brut via Port-Soudan, sur la mer Rouge, et de faire baisser la tension entre eux, retournent à la case départ. Le Nord a annulé hier ses neuf accords de coopération et de sécurité signés en mars avec le Sud, sous l'égide de l'Union africaine. « Nous allons annuler l'ensemble des neuf accords », déclare Ahmed Bilal Osmane, le ministre soudanais de l'Information, laissant toutefois « la porte est ouverte à une réflexion rationnelle ». « Nous n'autoriserons pas le soutien aux rebelles », dit-il. Samedi, le président Omar el Béchir a donné, selon la radio Oum-Dourman, des instructions au ministre du Pétrole pour qu'il stoppe le flux du pétrole sud-soudanais à partir d'hier. Pourquoi cette « décision » qui mettra à genoux l'économie des deux Etats (le pétrole eprésente 98% des recettes du Sud et devait rapporter un milliard de dollars par an au Nord) ? Dans son discours improvisé à l'occasion de la libération de la ville d'Abu Karchola, le président el Béchir avait menacé de fermer les oléoducs par lesquels le Soudan du Sud exporte son pétrole si Juba continue d'apporter son soutien au Mouvement de libération des peuples du Soudan (SPLM-N) qui lutte contre l'armée au Nil Bleu et au Kordofan-Sud et au Front révolutionnaire soudanais (FRIS) qui cherche à renverser le régime d'El Béchir. « Khartoum ne permettra pas que les revenus pétroliers du Sud soient utilisés pour soutenir des rebelles contre le Soudan », prévient el Béchir. Juba, qui n'a pas été informée de cette « fermeture », rejette ces accusations et dit ne pas vouloir revenir au point de départ. « Les Soudanais ont leurs propres problèmes internes et ils essaient de faire du Soudan du Sud un bouc émissaire », réagit Barnaba Marial Benjamin, le ministre sud-soudanais de l'Information. El Béchir a, selon Sunna, l'agence nationale de presse, ordonné à l'armée d'ouvrir les casernes pour enregistrer les volontaires à partir d'hier et appelé la jeunesse à se joindre à la « guerre sainte ». « S'ils n'arrêtent pas leur soutien aux mouvements rebelles, leur pétrole, ils peuvent le boire », dit-il. Parallèlement à ses relations avec le Sud, Khartoum doit gérer ses rebelles du Darfour et le National Consensus Forces, la principale alliance de l'opposition, qui promet de « renverser dans les 100 jours » le régime d'El Béchir avec des manifestations de masse tous les vendredis.