Dans son rapport annuel sur l'état des droits de l'Homme pour l'année 2012, la commission présidée par Farouk Ksentini a précisé que la maîtrise du pouvoir d'achat et des prix passe inévitablement par « la réforme du dispositif de régulation monétaire et budgétaire et la lutte contre l'inflation ». Selon la CNCPPDH, il existe plusieurs moyens et mécanismes économiques pouvant aider l'Etat à enrayer l'avancée de l'inflation. Ceci peut se faire à travers « l'accroissement de l'offre et la valorisation de la production nationale, le développement des systèmes de distribution et de commercialisation, le développement des mécanismes de contrôle effectif du respect des règles de la concurrence et des prix du marché ». Pour la commission Ksentini, il est important « d'accroître les informations et les données statistiques concernant le prix, l'élaboration et la diffusion d'un indice national à la consommation ». La CNCPPDH recommande enfin la mise en place « d'un dispositif de suivi des salaires ». Concernant les wilayas du sud, elle suggère « la mise en place d'un dispositif spécifique de prix étudiés pour l'acquisition de produits et équipements de fabrication nationale ». Les moments difficiles qu'a traversés le front social en raison de l'érosion du pouvoir d'achat et de la flambée des prix des matières premières et fruits et légumes ont été mis en exergue de la Commission. Elle estime que cela est un présage pour l'éventuel retour des mouvements de protestation et des marches pour réclamer du pain. « Le nombre de grèves qui secouent certains secteurs dont l'éducation, la santé et le transport, plaident pour un réchauffement du front social », précise la commission, qui souligne « qu'elle avait mis en garde les pouvoirs publics, dans son précédent rapport de 2011, sur les risques éventuels qu'ils peuvent encourir si les revendications sociales ne sont pas prises en charge d'une manière sérieuse et effective ». La Commission relève la situation paradoxale que vit l'Algérie ayant des réserves de change estimées à 200 milliards de dollars, fait un prêt de 5 milliards de dolars au FMI et dépensé 5 autres dans l'achat des véhicules touristiques alors que les importations frôlaient les 50 milliards de dollars et que 70% des Algériens touchent un salaire de moins de 30 000 DA et souffrent d'une hausse vertigineuse des prix à la consommation, soulignant « l'effondrement du pouvoir d'achat » entre 2011 et 2012. Outre l'inflation, le rapport annuel de la Commission Ksentini relève que le chômage touche de plein fouet 21,5% des jeunes de moins de 35 ans et la proportion alarmante qu'occupe le commerce informel notamment les gardiens de parking, les vendeurs à la sauvette et autres, « que les pouvoirs publics doivent bannir ». Le rapport souligne aussi que les familles algériennes arrivent à faire face à la cherté de la vie grâce à « la solidarité familiale » vu que la crise de logement a contraint plusieurs familles à cohabiter sous un même toit. Il souligne aussi que « le désespoir pousse les jeunes, au prix de leur vie, vers l'émigration clandestine ou vers la délinquance ».