Tout commence après la rupture du jeûne. Bienvenue dans le monde de la nuit. Les rues grouillent de monde. Les noctambules investissent les lieux. Les abords des boulevards principaux de la capitale pavoisés de couleurs, s'avèrent trop exigus pour recevoir les familles venues nombreuses profiter de la fraîcheur vespérale et se déprendre de la fatigue, après une longue journée de jeûne. De l'avenue Hassiba-Benbouali à la rue Larbi-Ben M'hidi, en passant par Didouche-Mourad, place Maurice-Audin, la Blanche se vêt d'un autre habillage. Des rues bruyantes. Des cafés et autres salons de glace sont pris d'assaut. Des magasins ouverts. Belles boutiques. Tout y est resplendissant. Tout brille. A chaque mur de la capitale s'adosse l'étalage d'un vendeur de kalbelouz, de zlabia et autres gâteries chargeant l'air de ces odeurs appétissantes titillant le palais. D'autres marchands proposent du thé à la saveur particulière, préparé sur un brasero. Le temps passe vite. Au fil des heures, le nombre de noctambules va croissant. La capitale vit au rythme de soirées ramadhanesques, les Algérois reprennent les habitudes d'antan. Ils en parlent. « La sécurité est assurée. Les restaurants et les magasins sont ouverts. Nous pouvons nous promener en famille, en toute sécurité », lance un père de famille. Et d'ajouter : « C'est vivant. Il y a de l'animation. Le décor est parfait. On se croirait en plein jour ». Le cadran affiche 22h30. Aux abords de la Grande-Poste, des familles entières sortent de la bouche de métro. Les usagers estiment que ce moyen de transport facilite les déplacements. « Ça se passe très bien. C'est climatisé, sécurisé et propre. Cela nous a permis de nous déplacer rapidement », indique une jeune fille. Un autre usager dira : « Je suis venu voir mes parents qui habitent Alger centre. Je vis actuellement à Hussein-Dey. Avant, cela n'était pas possible. Le métro nous facilite le déplacement ». « On sort le soir en empruntant ce moyen de transport. Il y a la rapidité, le confort. Nous sommes très satisfaits. Cela nous a permis de faire des achats et assister à des activités culturelles », annonce une mère de famille. El Kettani... comme d'habitude Autre endroit. Autre animation. El Kettani, Bab El Oued. La place connaît une grande affluence. Elle est prise d'assaut par des familles en quête d'un moment de détente ou d'une animation pour égayer leurs veillées de Ramadhan. Parents et enfants ont décidé de profiter des vacances d'été. L'ambiance nocturne le long de la corniche se termine tard. Les places sont chères à El Kettani. Il faut s'armer de patience ou se lancer dans une épreuve de « force » pour pouvoir accéder aux jeux proposés. La demande est forte. Les parents sont appelés à penser à d'autres solutions pour calmer l‘ardeur de leurs enfants. Ils recourent aux revendeurs de friandises, de cacahuètes, en attendant leur tour. Les cafés sont bondés. Plus loin, jeunes et vieux s'adonnent à de longues parties de dominos et autre jeux de cartes avec comme mise des verres de thé à offrir aux gagnants. On discute à voix haute. On s'amuse, surtout. « Chaque Ramadhan, nous mobilisons notre personnel pour répondre aux exigences de notre clientèle », explique le cafetier. « Nous venons ici chaque soir pour jouer aux cartes et écouter de la musique », nous dira un groupe de jeunes. Le Ramadhan est aussi celui des glaces. Des spécialistes rallongent les horaires de fermeture. Une aubaine pour les friands. « Prendre une glace est un plaisir particulier en ce mois béni après une journée chaude », affirme une jeune fille. On découvre, presque émerveillé, mais incrédule un visage inaccoutumé de notre capitale. Alger veut, le temps d'un mois, se prendre pour la ville qui veille jusqu'au petit matin.