Nawal Zaâtar, la comédienne au parcours atypique, accomplit le jeûne loin des lumières. Un choix adopté par le besoin de se reposer après de longues années de labeur et de dévouement. Catégorique, elle affirme que dans l'art on ne fait pas du social. A l'adresse des jeûneurs, Nawal Zaâtar se dit contre le gaspillage accompli, selon elle, par des gens adeptes de « l'argent facile ». On aimerait savoir comment profite Nawal Zaâtar du mois sacré... Je jeûne à l'instar de mes concitoyens avec du cœur, étant trop attaché à notre religion. En période de fortes chaleurs, on a soif et on parle moins. On se contente d'accomplir nos tâches et on rentre vite à la maison pour nous protéger du soleil. Ça m'arrive de ne pas dormir toute la nuit et de ce fait je ne me lève pas très tôt. Je fais les courses seules ou en compagnie de ma sœur. Sur ma table on trouve toujours de la chorba, du bourak, des salades et des fruits sans pour autant faire dans l'excès. Vous faites partie des comédiennes ayant réussi à décrocher l'estime des téléspectateurs, mais malheureusement on ne vous voit plus souvent sur le petit écran... Effectivement, à un moment de ma vie je me suis donnée corps et âme pour prouver que j'étais une artiste à part entière, mais par la suite des raisons de santé, entres autres soucis, m'ont poussé à me retirer. J'ai préféré me reposer après avoir été très active pendant de longues années. Je refuse de signer des contrats qui vont peut-être me fatiguer davantage. En plus on n'a plus vingt ans. Par le passé les comédiens ne ménageaient aucun effort pour être à la hauteur des attentes. Avec peu de moyens, nous avons beaucoup donné pour l'art algérien. En tant que membre de l'équipe artistique de la radio algérienne ou dans le cadre des œuvres théâtrales, Nawal Zaâtar s'est fortement imposée dans l'ambition de procurer un peu de joie aux Algériens. On répondait toujours présents et parfois même au détriment de notre santé et de notre vie familiale. Négliger ces comédiens qui se sont battus pour redorer le blason de l'art algérien c'est faire fi tout ce qu'ils ont accompli. On nous a poussés à baisser les bras et nous voilà loin donc de la scène malgré nous. Je ne critique personne sauf que je suis contre ceux qui favorisent la quantité au détriment de la qualité. Je ne peux pas juger des gens qui appartiennent à la même profession que moi, mais je dois dire que les artistes actuels ont la chance d'avoir beaucoup de moyens à leur service. Un avantage dont ils disposent et qui n'était pas à notre portée. On se contentait de peu et parfois même on mettait la main à la poche pour poursuivre le tournage. Aujourd'hui hélas la lassitude a eu raison de nous. De nos jours, l'art algérien renferme souvent des gens qui n'ont rien à voir avec le domaine. On ne fait pas du social dans l'art. Je n'accepterais jamais d'être utilisée comme tremplin au profit de jeunes incompétents. Quel est le message que vous adressez aux Algériens durant ce mois sacré ? Je leur dis en toute sincérité d'éviter le gaspillage. Même si on avait un océan de belles choses à notre disposition on ne devrait prendre que ce dont on a besoin. Je compatis avec les nécessiteux, mais pas avec ceux qui ont toujours la main tendue et qui réclament en permanence l'aumône. Je suis contre la mendicité qui encourage la délinquance. Il faut inculquer à nos enfants comment gagner leur vie en trimant. Les gens qui ont le gain facile sont ceux qui gaspillent. Lorsqu'on se fatigue pour gagner un sou on ne le gaspille pas. Je ne nie pas que par le passé j'ai négligé quelque peu ma foi, mais depuis deux ans, Dieu merci, je me consacre davantage à mes prières. Je lis le Coran et je tente de remplir ma vie de piété. Les erreurs sont le propre des humains, mais les erreurs ne se ressemblent pas. On devrait se corriger en permanence et se dire que cette vie est éphémère.