Héritier de Byzance et de Bagdad, l'Empire ottoman était le dernier grand empire méditerranéen. Au XVIe siècle, à son apogée, la population était estimée à 22 millions d'habitants. Les ethnies les plus diverses s'y côtoyaient et les trois religions monothéistes étaient représentées. A partir du XVIIIe siècle, cette diversité devint faiblesse. Les réformes entreprises dans l'administration et l'armée sont vaines face au développement des autonomies locales, à la montée des sentiments nationaux et à la pression des Etats européens. L'Empire perd des pans entiers de son territoire jusqu'à disparaître à l'issue de la première Guerre mondiale. La disparition de l'Empire ottoman n'a pas effacé son héritage. Les peuples, qui ont été sous son autorité, qu'ils le repoussent ou s'en réclament, demeurent profondément marqués par la culture et le mode de vie ottomans qu'ils ont façonnés ensemble. À l'exception notable du Maroc et d'une partie de la Péninsule arabique, tous les pays de langue arabe ont été progressivement intégrés dans l'Empire ottoman à partir du début du XVIe siècle, et certains le sont restés jusqu'à la fin de la première Guerre mondiale. Aucune autre dynastie musulmane n'avait auparavant réussi à exercer aussi longtemps sa domination sur toute cette zone allant d'Alger à Baghdad et d'Alep à La Mecque. Certes, les Ottomans ont dû s'adapter partout aux conditions locales et déterminer leur politique en fonction de la situation stratégique, de la valeur économique et de la tradition étatique de chacun de ces pays. Il n'en demeure pas moins qu'ils les ont tous profondément et durablement marqués tant sur le plan administratif que sur ceux de la hiérarchie sociale, de l'urbanisme et de l'architecture, de la culture populaire et de la vie quotidienne. ... A suivre