Farah Laddi, artiste verrier, expose, depuis mardi dernier au Musée public national de l'enluminure, de la miniature et de la calligraphie (MPNEMC) une cinquantaine de tableaux. Sous le thème évocateur « Algérielle, une particularité singulière », l'exposition est visible jusqu'au 28 du mois en cours. L'œuvre de cet artiste qui a le vent en poupe est une peinture sur et sous verre. Les toiles sont un jet coloré et spontané, un cri explosif de lumière projetée sur un patrimoine condamné à tort à l'indifférence. Ses tableaux sont une dénonciation de l'oubli qui gangrène nos mémoires oublieuses. Le henné, la poésie, la nostalgie, la terre, les femmes et les hommes sont autant d'ingrédients indispensables pour la création d'une œuvre artistique majeure. L'artiste peintre affirme, en marge de la cérémonie de vernissage de l'exposition, aborder, dans son œuvre, des thématiques qui se rapportent directement au patrimoine matériel et immatériel algérien. L'artiste verrier matérialise sa quête patrimoniale et identitaire dans la peinture de sites et monuments historiques répartis sur l'ensemble du territoire national. Pour ce qui est du patrimoine symbolique, elle le concrétise à travers des tatouages au henné sur des mains de femmes, dédiées à une centaine de prénoms féminins algériens. En ce qui concerne la calligraphie, l'artiste-peintre affirme avoir fait une recherche sur les prénoms féminins qu'elle associe à une main des femmes créatives ornementée de tatouages. C'est à la fois un hommage à la femme algérienne et un cri pour les mémoires amnésiques sur la disparition progressive de nos traditions. Elle donne vie à de très beaux tapis berbères et ce, grâce à une approche différente et personnelle. A partir d'un simple proverbe transcrit en tifinagh, l'artiste verrier réalise des tapis qui renvoient directement à notre culture ancestrale ainsi qu'à son authenticité légendaire qui lui a permis d'ailleurs de traverser les siècles, de tenir bon, en résistant à la marche inexorable du temps et de l'oubli. Farah Laddi fait œuvre d'artiste et d'historienne en ce sens qu'elle nous restitue, grâce à ses belles toiles, une partie de notre histoire menacée par la patine du temps. Cette exposition, selon l'artiste, vise non seulement à faire connaître notre patrimoine national culturel dans son double aspect matériel et immatériel et dans sa richesse et sa diversité, mais aussi une dénonciation du laisser-aller et la dégradation inexorable qu'il continue de subir. « Mon œuvre est la magnificence de notre patrimoine et une sensibilisation du citoyen sur la nécessité de sa préservation de ce qui lui porte atteinte », soutient-elle. Elle souligne, à ce propos, que lorsque le patrimoine s'effiloche, ne demeurent que des résonances banales, voix lointaines façonnées dans la boue, écho d'argile, écho fragile pourtant indélébile. Diplômée de l'école supérieure des sciences de la mer et de l'aménagement du littoral en écologie marine, artiste verrier autodidacte, elle a participé à plusieurs manifestations collectives. Elle a, à son actif, beaucoup d'expositions individuelles. Son imagination fertile, la qualité de ses œuvres lui ont valu, en 2010, le premier prix Ali Maâchi du président de la République pour les jeunes créateurs.