Le diagnostic circonstancié fait, hier, devant les élus d'Akbou, les cadres et directeurs centraux, par le wali de Bejaïa, Hammou Ahmed Touhami, qui a provoqué cette réunion pour une ultime tentative de relancer le fonctionnement normal de la commune, a été des plus sombres. Deuxième ville d'importance dans la wilaya, et alors qu'elle dispose de ressources financières appréciables qui peuvent lui permettre théoriquement de prospérer sur les plans économique et socioculturel, au point qu'on évoque l'idée d'une promotion au statut de wilaya par un prochain découpage administratif, Akbou vit une situation de blocage née d'un profond antagonisme entre le président de l'APC et les autres élus, au point que seulement deux sessions ordinaires sur les six requises par la loi ont été tenues. Cette impasse s'est répercutée négativement sur le fonctionnement et l'efficacité des services administratifs de la commune, notamment l'absence d'un secrétaire général depuis deux ans, les retards dans l'élaboration des comptes administratifs, de l'exécution des projets, du pourvoi des postes budgétaires disponibles (81 postes vacants), la démobilisation et l'indiscipline régnant dans les services, les insuffisances en matière de valorisation du patrimoine communal, les carence dans la collecte des déchets ménagers, de l'éclairage public, des travaux d'assainissement... Le diagnostic est long des dysfonctionnements cités par le wali qui, refusant de s'aligner sur quelque partie que ce soit, a sommé les élus de s'arranger pour débloquer la situation : « Nous ne laisserons pas la population d'Akbou prise en otage », leur a-t-il lancé, en ajoutant : « Ni par un ni par 23 élus ». Appelant les protagonistes à la raison, il énoncera une série de mesures pour débloquer la situation, tenir les réunions dans les meilleurs délais, redynamiser l'action des commissions, recruter le personnel nécessaire, nommer un secrétaire général, réinstaurer la discipline dans le travail des services, rattraper les retards en matière d'élaboration des comptes administratifs, identifier les biens de la commune et revaloriser les taxes et loyers, assainir la nomenclature des projets, désigner un contrôleur financier et mettre en concession les travaux en matière d'assainissement et d'éclairage public, et résoudre le problème de la décharge publique. M. Hammou Ahmed Touhami donnera un délai d'un mois pour que les dissensions soient aplanies entre les élus et que l'APC d'Akbou retrouve un fonctionnement normal. Faute de quoi, force reviendra à l'administration qui sera dans l'obligation d'appliquer l'article 46 du code communal, c'est-à-dire aller vers la dissolution de l'actuelle Assemblée élue. Lors de son intervention, le président de l'APC, Bensbaâ, reconnaît la véracité de ce bilan négatif, indiquant toutefois que les choses commencent à bouger dans le bon sens. Une assertion vite démentie par ses détracteurs qui reprochent au président et à son exécutif une gestion solitaire et désastreuse des affaires de la commune. Les appels à la raison du wali, qui nommera sur place un secrétaire général doté de toutes les prérogatives, auront eu raison de l'intransigeance des frondeurs qui, pour faire montre de leurs bonnes intentions, annoncent leur disposition à tenir une session dès le lendemain avec l'espoir que l'autre partie fasse preuve d'un esprit tout aussi positif pour le déblocage définitif de la situation. Cette tentative de la dernière chance réussira-t-elle à résorber les antagonismes ? La population le souhaite. Reste aux élus à surmonter leur penchant au clash.