La conférence de Varsovie, en Pologne, sur le changement climatique, prévue du 11 au 22 novembre, sera décisive pour l'étape à suivre dans la lutte contre ce phénomène, a estimé, jeudi dernier, à Alger, Matthieu Wemaër, avocat et expert en environnement, à l'occasion d'un atelier de formation au profit des médias. C'est lors de cette conférence que seront fixées les modalités de financement des pays en développement pour les aider à s'adapter aux nouvelles donnes climatiques mais, surtout, les grandes lignes de l'accord définitif sur le changement climatique qui devra être conclu à Paris en 2015. « Contrairement aux précédents accords, il impliquera d'une façon plus importante les pays en développement. Ils seront mis sur un pied d'égalité avec les pays développés quant aux engagements qui devront être pris pour lutter contre le réchauffement climatique, tout en continuant à bénéficier du soutien financier des pays riches », explique cet expert, en soulignant que l'enjeu est d'arriver à une approche qui concilie engagements et ambitions internationales, activité humaine et préservation du climat et de l'environnement. Cette approche doit être exposée impérativement en 2014 lors de la conférence du Pérou, avant de l'adopter en 2015 et la rendre effective en 2020. A l'horizon 2020 également, le soutien financier devra atteindre les 100 milliards par an qui seront versés via un fonds vert. Les critères pour accréditer les entités nationales chargées de la gestion de cet argent seront débattus à Varsovie ainsi que les modalités de payement. « Avec la crise financière, il ne sera pas facile de fixer le montant qui devrait être dégagé dans les années à venir pour atteindre progressivement les 100 milliards de dollars en 2020. Une donne financière qui pourrait d'ailleurs changer car le climat est en perpétuelle évolution. Ce qui signifie qu'on sera confronté à un autre impact au-delà de 2020 et donc à une autre phase d'adaptation encore plus coûteuse. Il faudra donc penser, lors de la conférence de Varsovie, à la période d'après 2020 », estime-t-il. Il faudrait aussi donner des garanties aux pays en développement qui se plaignent de ne pas avoir encore reçu l'aide financière promise. Le temps presse, car selon les premières estimations du rapport du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC), qui sera présenté en mai 2014, il y a 550 millions de tonnes de glaciers qui fondent chaque jour, la température de l'océan a augmenté d'une façon préoccupante, mettant en danger les ressources halieutiques, les îles côtières sont menacées d'érosion et des activités commerciales autochtones seront amenées à disparaître. « Les régions arides et semi-arides sont le plus touchées par le réchauffement climatique. Les ressources en eau seront encore plus rares dans ces régions et des pays comme l'Algérie seront encore plus touchés par l'émigration en provenance de l'Afrique sub-saharienne », a relevé M. Wemaër, rappelant que si la température dépasse les 02°C, ce sera une véritable catastrophe dont les conséquences seront irréversibles. Pour ne pas dépasser ce seuil justement, il faudrait réduire les émissions de gaz à effet de serre globales de 50% en 2050.