L'autre Genève, centré sur la question sensible du nucléaire iranien, a rompu avec le traditionnel bras de fer qui oppose les puissances occidentales et l'Iran. Le bout du tunnel ? De « très grands progrès », relevés par le secrétaire au Foreign office William Hague, laissent espérer une avancée tangible dans le processus de négociations. « Tous les ministres présents ici sont conscients du fait qu'une occasion est en train de se présenter dans ces négociations. Nous devons faire tout ce que nous pouvons pour saisir le moment et l'opportunité pour parvenir à un accord que le monde n'a pas réussi à obtenir pendant longtemps », a-t-il déclaré. Même si la conclusion de l'accord tant attendu n'est pas encore garantie, le climat de confiance retrouvé et le dégel des relations fortement tendues confortent le retour à la détente favorisé par le « ton nouveau » de Téhéran et le satisfecit exprimé par le secrétaire du Foreign office calmant les ardeurs du Premier ministre israélien, Netanyahu, désarçonné par la percée iranienne et appelant à plus de patience et à plus de flexibilité. « Mais s'il n'y en a pas, nous devrons continuer dans les prochaines semaines, construisant sur les progrès déjà accomplis, mais nous faisons tout notre possible, un grand nombre de questions ont été réglées de façon satisfaisante », a souligné le chef de la diplomatie britannique. Au troisième jour des négociations, les belles assurances du camp des 5+1 (Etats-Unis, Russie, Chine, France, Grande-Bretagne, plus Allemagne) tranchaient avec le pessimisme français exprimé par le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, soucieux d'assurer « la sécurité d'Israël » et mettant en garde contre « un jeu de dupes ». La position de retrait de Paris s'explique, selon certaines délégations, par le déplacement à Genève du secrétaire d'Etat américain, bousculant son agenda et interrompant sa tournée au Proche-Orient et au Maghreb, pour prêter main forte aux négociateurs sans y associer ses partenaires occidentaux. A Genève, l'espoir des 5+1 de parvenir à « un accord historique », salué par les médias iraniens acquis à la nouvelle démarche iranienne, est clairement formulé par la volonté russe de « parvenir au résultat à long terme qu'attend le monde entier », a estimé le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Riabkov, cité par l'agence de presse RIA-Novosti. Au sortir d'une longue séance d'entretien, regroupant Catherine Ashton pour l'Union européenne, le secrétaire d'Etat, John Kerry, et le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif, Américains et Iraniens ne disconviennent pas toutefois qu'il reste « quelques questions très importantes » et « beaucoup de travail à faire ». En signe de bonne volonté, l'annonce par Téhéran d'un accord avec le directeur général de l'Agence internationale de l'énergie atomique, Yukiya Amano, attendu, demain, dans la capitale iranienne, pour renforcer le « dialogue et la coopération ». Dans ce qui est présenté par la presse iranienne comme « le choc des négociations », le consensus en gestation, matérialisé par la rencontre jugée inattendue entre Kerry et l'Iranien Javad Zari, ne laisse guère indifférent sur les chances d'un compromis : l'allégement des sanctions onusiennes contre l'engagement pour la suspension partielle ou totale de l'enrichissement de l'uranium. Un compromis qui a mis dans tous ses états Tel-Aviv ébranlé par la « très mauvaise affaire » du siècle de l'Occident.