Eviter les « modèles » prêts à l'emploi, revoir le champ d'intervention des télévisions privées, tel que prévu dans le projet de loi, cantonnées qu'elles sont au segment thématique, faire de l'autorité de régulation un accompagnateur de ces chaînes. Ce sont là les grands axes du débat organisé, hier, par le groupe parlementaire du RND sur le projet de loi sur l'audiovisuel. Un débat qui a réuni, outre les parlementaires, des universitaires, des journalistes ainsi que des producteurs dans le domaine de l'audiovisuel. Le chef du groupe parlementaire du RND, Miloud Chorfi, a encouragé l'ouverture d'un grand débat sur ce sujet, estimant que le projet est « un acquis du pluralisme démocratique » qu'il faut préserver. M. Bakhleli, ancien journaliste à la télévision, actuellement producteur indépendant, qui a relevé plusieurs contradictions dans le texte, a carrément appelé les députés à « son renvoi au gouvernement pour une reformulation de ses dispositions ». Parmi les incohérences qu'il a constatées, le fait que le projet de loi sur l'audiovisuel fasse référence à l'article 63 de la loi organique qui parle d'autorisation pour l'exercice de l'activité alors que l'article 62 reconnaît « une liberté d'exercice dans le champ audiovisuel ». Autre question soulevée par l'intervenant, la définition du contenu des chaînes thématiques et, une fois le texte promulgué en l'état, l'avenir des chaînes déjà sur le terrain et qui ont reçu une autorisation d'exercer. De plus, se demande M. Bakhleli, pourquoi réduire les chaînes ainsi créées au service public, alors que « ce dernier est du ressort de l'Etat ? ». La limitation du champ d'activité des chaînes privées pose problème. Enfin, comment peut-on encourager l'investissement privé dans ce domaine, sachant que les annonceurs risquent de bouder ces supports à l'audience limitée. Les universitaires, pour leur part, sont d'avis qu'il faut éviter de rééditer certaines expériences de pays dans le domaine de l'ouverture du champ audiovisuel qui « ont mené à des situations conflictuelles ». Pour certains, il s'agit du plus qu'elles peuvent réellement apporter, mettant en doute l'existence même de la liberté d'expression, prenant à témoin l'exemple des chaînes américaines qui se sont toutes unies derrière leur président (Bush) lors de l'invasion de l'Irak, des chaînes françaises, « pays des droits de l'Homme », qui « n'ont à aucun moment daigné qualifier de crimes les actes du colonialisme en Algérie ». Sur la capacité des chaînes algériennes à relever le défi par un contenu qui réponde aux normes, Mohamed Hazourli, de la télévision algérienne, estime que nous avons « les capacités matérielles et humaines requises pour répondre à tous les critères nécessaires à une radio et une télévision de qualité pouvant concurrencer les grandes chaînes internationales ». Bien que des « lacunes » soient relevées par la plupart des intervenants, on estime, cependant, que le projet en lui-même va introduire une « modernisation et une professionnalisation » plus poussées de la profession à condition d'éviter les « erreurs » de l'expérience de l'ouverture de la pression écrite. Le projet suscite de l'espoir parmi les politiques et les professionnels en ce sens que cette ouverture n'est que « le prélude à une autre plus large qui va inclure le champ de politique ».