Le sachet de lait pasteurisé a vu son apparition dans la ville de Tamanrasset le premier mai 2012 grâce à l'ouverture de la première usine privée de fabrication de lait dans cette wilaya. Cet évènement « exceptionnel » a soulagé la population du Hoggar et a constitué une véritable bouffée d'oxygène pour les nombreuses familles contraintes de débourser entre 180 et 260 DA pour l'achat de paquets de lait en poudre ou encore pour acquérir du lait de chamelle à 600 DA le litre. L'idée de l'ouverture de cette usine trottait dans la tête de son propriétaire, M. Rabah Bourenane, depuis sa visite de l'exposition Djazagro à Alger en 2011. « Au vu des prix exorbitants du lait à Tamanrasset, je me suis dit pourquoi ne pas investir dans ce créneau ? » nous a-t-il confié. L'usine a été opérationnelle 19 mois après l'obtention de l'autorisation de la part de l'Agence nationale de développement des investissements (Andi). L'eau salinée du projet de transfert d'eau d'Ain Salah n'étant pas adaptée pour la fabrication du lait, il a été fait recours à l'installation d'une station de traitement au sein même de l'usine. « Il faut d'abord déminéraliser cette eau et la rendre propre à la consommation » nous a dit M. Bourenane. Sur une quantité globale de 9.000 litre d'eau, l'usine tire 6.000 litres d'eau traitée et se débarrasse de 3.000 autres litres, « qui ne servent ni au nettoyage, ni à l'arrosage des plantes, ni à autre chose », précise M. Bourenane, soulignant que la fabrication d'un litre de lait nécessite 5 litres d'eau. L'usine exploite 150 m3 d'eau minimum quotidiennement. L'usine, moderne et très propre, répond parfaitement aux normes de production de ce produit, très délicat. Elle emploie 30 personnes. Ainsi, outre le bâtiment administratif, l'unité est dotée d'un espace de stockage de la poudre, d'un laboratoire où sont analysés la poudre et le lait dans toutes les étapes de production, d'un appareil lave-caisse et d'une chambre froide pour le stockage des produits finis. L'office national interprofessionnel de lait (Onil) octroie un quota de 74 tonnes de poudre de lait annuellement à cette usine, située à 2.000 km d'Alger. Les contraintes de transport de la poudre et des sachets de lait fabriqués spécialement pour la conservation de lait à des températures élevées sont déplorées par le propriétaire. « C'est très difficile de faire venir la poudre de lait par route sur une distance de 2.000 km d'autant que les frais de transport des éléments de base à partir d'Alger ne sont pas remboursés automatiquement par les services locaux de commerce. Les retards et les lenteurs administratives sont une grande contrainte. Cela fait plus d'une année que j'attends de me faire rembourser les produits que j'ai ramenés pour lancer la production, mais en vain » a déploré M. Bourenane. L'usine n'a pas encore fixé une production journalière de lait. « Nous sommes en train de gérer nos stocks en poudre de lait » a précisé le gérant, notant que l'usine est conçue pour la production 40.000 litres de lait en huit heures. En termes d'approvisionnement, des lacunes sont également signalées par le gérant de l'usine. « On n'arrive pas à approvisionner toutes les circonscriptions de la ville en raison du manque de transporteurs. Je souhaite prendre en charge moi-même cette préoccupation, mais j'ai besoin d'un peu de temps pour y arriver car il faut mettre en place un système de transport. Pour l'instant, on se contente de distribuer le lait dans tous les quartiers du centre-ville » a-t-il indiqué. En dépit du coût un peu plus élevé de la production dans cette région, l'usine cède le litre de lait pasteurisé à 23 DA aux transporteurs. Les habitants de Tamanrasset sont très contents de l'arrivée du lait. « Depuis que l'usine est opérationnelle, je n'achète que le lait pasteurisé. Cela nous a énormément aidé à économiser et à trouver un produit de bonne qualité que personne ne rejette ici » nous a affirmé Bilal, père de famille. « Il n'y a rien à dire, nous sommes soulagés. Il était temps que la wilaya se dote d'une usine de fabrication de lait pasteurisé. Je vis ici depuis 15 années et ma joie est indescriptible de pouvoir enfin acheter du lait pasteurisé comme je le faisais auparavant dans ma ville natale » nous a affirmé un autre habitant. La disponibilité de lait pasteurisé est assurée puisque ce produit est disponible dans les magasins et les superettes, même le vendredi. « Ma satisfaction est de voir les gens de Tam boire du lait pasteurisé à 25 DA comme les autres citoyens algériens. J'ai atteint mon objectif et on essayera maintenant de régler les autres détails » nous a affirmé M. Bourenane, un investisseur pugnace et combatif, qui a beaucoup apporté à la région.