La gestion embarrassée du cas rwandais met l'Onu dans tous ses états. Sur fond de tensions, le déplacement précipité du secrétaire général de l'Onu, Ban ki-Moon, à Kigali, exprime un malaise persistant après la publication des extraits d'un rapport de 600 pages dans les colonnes du quotidien français «Le Monde» accusant le Rwanda de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité contre les Hutus réfugiés à l'Est de la RDC (République démocratique du Congo), après le génocide de 1994. Dans cette tragédie qui met en cause la complicité de la puissance française, les séquelles restent visibles dans un pays qui a vécu le déchirement de la guerre civile et le poids des antagonismes ethniques. Dans sa mission de conciliation, le secrétaire général de l'Onu tente d'apaiser la colère de Kigali très remonté sur le contenu du rapport. Car, pour Yves Sorokobi, porte-parole adjoint des Nations unies, Ban ki-Moon est sur le terrain, d'abord, pour s'enquérir de la situation des préoccupations rwandaises et, ensuite, pour les rassurer sur la détermination onusienne de travailler avec eux, quel que soit le contenu du rapport qui n'est pas encore officiel. La riposte rwandaise, menaçant de retirer les troupes collaborant aux opérations de maintien de la paix, notamment au Soudan, se fonde sur la vanité des accusations et des contradictions relevées dans la position de la communauté internationale. «On ne peut pas accuser notre armée de pourchasser des civils sur la base d'une ethnie et demander à cette armée d'être une force morale et disciplinée pour protéger les civils dans le monde». Si le président fraîchement élu, Paul Kagamé, est ainsi rattrapé par les vieux démons de la folie génocidaire qui s'est abattue sur ce pays, la gestion embarrassée du cas rwandais met l'Onu dans tous ses états. Alors que le secrétaire général veut tant bien que mal limiter les dégâts du rapport que le Haut commissariat pour les droits de l'Homme de l'Onu entend publier le 1er octobre, la présence du procureur de la Cpi à la cérémonie d'investiture, à travers une importante délégation dirigée par son adjoint, le Gambien Fatou Bensouda, n'a pas manqué de surprendre non seulement par rapport à la caution d'un chef d'Etat accusé par l'Onu de crime de génocide, mais également sur ses critiques adressées aux chefs d'Etat africains accueillant le soudanais Omar El-Béchir. Bien plus, en mars dernier, le même procureur de la Cpi s'est moqué des observateurs de l'Onu qui avaient assisté aux élections qui ont vu la réélection d'El Béchir. Triste personnage.