Sans attendre la proclamation des premiers résultats de la présidentielle - ils sont attendus selon la Commission électorale nationale autonome et permanente (Cénap) pour demain - et les conclusions des 300 observateurs nationaux et internationaux accrédités, Ali Bongo, le fils du président défunt et… ministre de la Défense, André Mba Obame, ministre de l'Intérieur (2005-2009), et Pierre Mamboundou, de l'Union du peuple gabonais (UPG), 3 des 18 candidats, clament victoire. Ces déclarations plombent Libreville où des militaires et policiers sont déployés Pierre Mamboundou, qui s'était déjà présenté à deux reprises contre Omar Bongo parle de victoire. « Le Gabon a tourné une page de son histoire dimanche », dit-il. Ali Bongo, du Parti démocratique gabonais (PDG, au pouvoir) se déclare « gagnant » sur la base d'« informations issues des provinces et de l'étranger » qui le « donnent largement gagnant ». « Aujourd'hui, des informations fondées reçues de différentes circonscriptions au Gabon et à l'étranger me donnent largement gagnant. J'attends maintenant que les instances compétentes annoncent officiellement les résultats. D'ores et déjà, je remercie toutes celles et tous ceux - jeunes, femmes - dans les neuf provinces qui m'ont accompagné dans cette victoire en m'accordant massivement leur soutien », dit-il dans sa première conférence de presse. André Mba Obame, le bras droit du président défunt, qui a réussi à fédérer une partie de l'opposition autour de lui, se proclame président sur « la foi de résultats recueillis par son équipe de campagne. « Sauf miracle, nous ne pouvons pas être rattrapés », dit-il précisant qu'il est en tête dans 4 des 9 provinces du pays, soit 62% du corps électoral, loin de Mamboundou, qui le devance dans trois provinces, et Bongo dans deux. Soit (25% et 16% du corps électoral). Ces déclarations contredisent les informations arrivées à la Commission électorale : victoire de Pierre Mamboundou dans 6 des 9 provinces, dont Libreville. Des analystes voient dans les « déclarations » des deux candidats de l'opposition, un message au « fils » : tenir compte de leur existence après la proclamation des résultats. Si l'ex-ministre de l'Intérieur se présente comme un héritier de Bongo, donc du « clan », le candidat de l'Union du peuple, qui est réputé être un opposant de longue date et sans liens historiques avec les Bongo, peut après le désistement de Casimir Oyé Mba, un autre favori, « actionner » les gens qui en ont assez du système Bongo pour déstabiliser le prochain président. Les Gabonais, qui se demandent sur quoi reposent ces victoires annoncées, sont inquiets. Rose Francine Rogombe, la présidente par intérim et 21 intellectuels appellent au calme et à éviter la violence. «De nombreux signaux inquiétants indiquent déjà qu'au sortir de l'élection présidentielle, un climat de tensions et de violences pourrait conduire la Nation vers des affrontements aux conséquences incalculables», estiment ces intellectuels.