C'est une Egypte plus divisée que jamais qui s'apprête à célébrer, aujourd'hui, sous haute tension, le troisième anniversaire de la chute de Hosni Moubarak. Quatre attentats, visant des locaux de la police, ont ensanglanté, hier matin, la capitale égyptienne, causant, d'après le ministère de la Santé, la mort de 6 personnes et 87 blessés. Peu après l'aube, un kamikaze a précipité sa voiture bourrée d'explosifs contre la porte d'entrée de la Direction de la police, au centre du Caire. Trois heures plus tard, une bombe a explosé près d'une station de métro du centre, blessant cinq policiers. Une heure après, un troisième engin explosait près d'un commissariat, sur une avenue menant vers les grandes pyramides de Guizeh, sans faire de victimes. Ces attentats contre les forces de l'ordre ne sont pas les premiers. Des centaines de policiers et de soldats ont été tués depuis la destitution de Morsi le 3 juillet dernier. La plupart par Ansar Beït al-Maqdess, un groupe de la péninsule du Sinaï qui s'inspire d'al-Qaïda Le gouvernement a mis en alerte policiers et soldats. Particulièrement au Caire où se trouve l'emblématique place Tahrir. Le ministre de l'Intérieur, qui a appelé les Egyptiens à descendre massivement dans la rue pour célébrer le 25 janvier et soutenir le gouvernement, multiplie les avertissements à l'endroit des Frères musulmans décrétés depuis le 25 décembre dernier « organisation terroriste ». Les forces de l'ordre, dit-il, vont riposter avec fermeté à toute tentative de sabotage des « cérémonies » officielles qui pourraient servir dans la foulée à légitimer encore un peu plus la très probable candidature du général Sissi à l'élection présidentielle promise pour 2014. « Sous la pression du peuple » pour briguer la présidence, « comme De Gaulle ou Eisenhower » avant lui, dixit le Premier ministre Hazem Beblawi. L'Alliance nationale pour la défense de la légitimité, une coalition des Frères musulmans qui milite pour la réhabilitation de Mohamed Morsi, dont plus de 20.000 membres sont en prison, ne semble pas faire cas de ces avertissements. Elle appelle ses sympathisants à investir toutes les places du pays et ce jusqu'au 11 février suivant, jour où l'ancien président égyptien a quitté le pouvoir. L'armée va-t-elle céder devant cette « protesta » annoncée ? Du moins jusqu'au 16 février prochain, date de la convocation du Morsi et des 35 autres responsables des Frères musulmans par la justice. Mais l'Egypte n'est pas partagée en deux courants seulement. Entre les partisans de l'armée et l'organisation terroriste, il y a les « jeunes » de la place Tahrir. Ces derniers estiment que les nouvelles autorités égyptiennes sont loin des aspirations de la révolution. Certains intellectuels et figures de proue de la révolte de 2011 redoutent un retour aux méthodes de Moubarak.