L'Egypte devrait aujourd'hui célébrer le troisième anniversaire de la «révolution du 25-Janvier», qui a éclaté en 2011 dans le sillage du bouleversement dit «Printemps arabe». A l'occasion de cette journée qui s'annonce périlleuse, policiers et soldats sont sur les dents à travers le pays, notamment dans le centre du Caire, où se trouve l'emblématique place Tahrir. Les Frères musulmans ont appelé également à manifester durant 18 jours faisant monter la tension d'un cran. Les autorités ont prévenu que les forces de l'ordre riposteraient avec «fermeté» à toute tentative «des Frères musulmans de saboter les cérémonies», et appelé les Egyptiens à descendre massivement dans la rue pour célébrer le 25-Janvier et soutenir le gouvernement. La tension est d'autant plus à son comble que les attentats se font de plus en plus nombreux. Cinq personnes ont été tuées hier vendredi dans trois attentats visant la police au Caire. Les attaques contre les forces de l'ordre se multiplient en Egypte. La violence n'a pas trouvé de répit depuis que l'armée a destitué, le 3 juillet, le président Frère musulman, Mohamed Morsi, et entrepris une violente répression envers ses partisans. L'Egypte se retrouve aujourd'hui fortement clivée. Peu après l'attentat contre la direction de la police, au milieu des débris des dizaines de personnes étaient réunies pour conspuer les Frères musulmans accusés d'être les instigateurs des attentats. Les portraits d'Abdel Fattah al-Sissi, vice-Premier ministre et ministre de la Défense, sont brandis par les manifestants. Le général ne cache désormais plus ses intentions de se présenter à l'élection présidentielle, prévue courant 2014. Le gouvernement mis en place par le chef de l'armée et homme fort du pays adopte une posture virulente envers toute manifestation des partisans de Morsi. Plus d'un millier ont été tués et plusieurs milliers emprisonnés, majoritairement des membres des Frères musulmans, dans les heurts entre la police et les manifestants. Des dizaines de policiers et de soldats ont été également tués dans des attentats, revendiqués pour les plus meurtriers par un groupe de la péninsule du Sinaï où le nom d'Al Qaïda est souvent cité. Le gouvernement attribue formellement ces attentats aux Frères musulmans, décrétés «organisation terroriste». Ainsi l'évolution de la situation en Egypte ne semble pas aller dans le sens de l'apaisement. Après la chute de Hosni Moubarak, des élections ont porté au pouvoir Mohamed Morsi candidat des Frères musulmans. Un an plus tard, des millions d'Egyptiens manifestaient pour réclamer son départ, l'accusant d'accaparer tous les pouvoirs et de vouloir imposer l'islamisation de la société. Profitant du rejet populaire l'armée décide de destituer Morsi, ouvrant la voie à une sanglante répression. Depuis, le général Sissi est le nouvel homme fort du pays soutenu par des Egyptiens, voulant en finir avec trois années de «chaos» et d'incertitudes. Mais certaines voix médianes redoutent un retour aux détestables méthodes de la période Moubarak, avec la répression implacable de toute voix contestataire. M. B./Agence