La brève accalmie a fait son temps à Maïdan, la place de l'Indépendance à Kiev. La capitale ukrainienne a renoué, hier, avec la violence et les affrontements avec des cocktails Molotov, notamment près du Parlement, qui examinait une réforme constitutionnelle exigée par l'opposition, et du siège du parti du président Viktor Ianoukovitch. « Notre objectif est d'encercler le Parlement, de le bloquer pour ne pas laisser les députés nommer un Premier ministre ‘russe' », déclare l'opposition. Les forces de l'ordre ont eu recours aux gaz lacrymogènes, aux grenades assourdissantes et aux balles en caoutchouc. Bilan : trois morts dans les rangs des manifestants et 150 blessés, dont 30 grièvement. L'ambassadeur américain en Ukraine, Geoffrey Pyatt, a regretté « la reprise des violences ». « Il faut que la politique se fasse au Parlement, non dans la rue », dit-il. Par ailleurs, le ministre allemand des Affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier, a appelé à la fin des violences. « Ce n'est certainement pas la voie à suivre pour parvenir à un équilibre et un avenir serein », dit-il, exhortant les parties en Ukraine « à trouver une solution politique ». Le retour à la violence en Ukraine est le « résultat » de la politique des Occidentaux qui ont encouragé l'escalade, estime la Russie. « Ce qui se produit actuellement est le résultat direct de la politique de complaisance des hommes politiques occidentaux et des structures européennes qui, depuis le début de la crise, ferment les yeux sur les actes agressifs des forces radicales en Ukraine, encourageant de fait l'escalade et les provocations envers le pouvoir légal », accuse le ministère russe des Affaires étrangères. La police a sommé, hier, les manifestants de mettre fin aux « troubles » sous peine de s'exposer à des « mesures sévères ». « Nous mettons en garde les têtes chaudes au sein de l'opposition : le pouvoir a les moyens de rétablir l'ordre (...). Nous serons obligés d'avoir recours à des mesures de la plus grande fermeté si les troubles ne cessent pas », indiquent le ministère de l'Intérieur et les services spéciaux.