Un accord entre le pouvoir et l'opposition a été signé, hier, en Ukraine, au terme d'âpres négociations sous la médiation de l'Union européenne et de la Russie. Il prévoit une présidentielle anticipée, un gouvernement de coalition nationale et une réforme constitutionnelle. Soumis à d'intenses pressions internationales, le président ukrainien, Viktor Ianoukovitch, a également annoncé un retour progressif à la Constitution de 2004, qui réduit les pouvoirs présidentiels au profit du gouvernement et du Parlement. Ce compromis entre les différentes parties survient après un bain de sang à Kiev. 80 personnes ont trouvé la mort dans des affrontements, depuis mardi dernier, selon les autorités. Le ministère ukrainien de l'Intérieur a accusé des manifestants d'avoir ouvert le feu sur des policiers en essayant de percer les cordons en direction du Parlement. Malgré l'accord, les Etats-Unis et l'Union européenne ne sont pas revenus sur leur décision de sanctionner les « responsables des violences ». Désormais, ils sont privés de visas et leurs avoirs sont gelés. Bruxelles étudie la possibilité d'un embargo sur les armes et le matériel au « service de la répression ». Une décision qui a suscité l'ire de Moscou, dont le ministre des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, qui a qualifié les sanctions de « tentative d'intimidation » et de « chantage ». « Moscou soutient des négociations entre les autorités ukrainiennes et l'opposition pour pouvoir régler la crise et combattre ensemble des forces extrémistes et radicales qui tentent de fomenter une guerre civile », a déclaré M. Lavrov depuis Baghdad. La chancelière allemande, Angela Merkel, le président américain, Barack Obama, et le président russe, Vladimir Poutine, veulent « une solution politique à la crise en Ukraine le plus rapidement possible », a soutenu le gouvernement allemand. La chancelière a informé les deux Présidents « de la mission des ministres des Affaires étrangères d'Allemagne, de France et de Pologne qui a lieu, en ce moment, à Kiev ». Sur le terrain, le chef adjoint de l'état-major de l'armée ukrainienne, Iouri Doumanski, a démissionné pour protester contre les tentatives d'impliquer l'armée dans le conflit.