Le feuilleton des humanitaires espagnols à peine refermés qu'un autre est annoncé. Sept personnes (cinq Français, un Malgache et un Togolais) travaillant pour Areva, la compagnie qui exploite les mines d'uranium, ont été enlevées en plein territoire sahélien au Niger, sans provoquer aucune réaction des 350 soldats nigériens qui les protègent. Probablement par l'Aqmi, une bande armée qui a proféré des menaces au lendemain de l'attaque d'un de leur sanctuaire au nord du Mali par des militaires français et mauritaniens qui aurait précipité, selon les analystes, la mort de Michel Germaneau, un autre humanitaire. Cet enlèvement rappelle celui des cinq Catalans capturés en Mauritanie en novembre 2009. Il s'était produit en plein jour sur l'axe Nouakchott-Nouadhibou qui est réputé pour le nombre de ses check-points militaires. Comment Aqmi a procédé ? On le saura peut-être un jour. En attendant, deux grosses questions s'imposent aux habitants de la région du Sahel. La première : empêtré dans des problèmes internes qui pourraient lui coûter son siège à l'Elysée en 2012, Nicolas Sarkozy serait-il tenté comme le Premier ministre espagnol Jose Luis Rodriguez Zapatero par la piste du bras civil de l'Aqmi, Mustapha Ould Liman Chafi, l'homme des missions secrètes du président burkinabé Blaise Compaoré, en puisant dans les caisses noires d'Areva ? Les preneurs d'otages et leurs commanditaires ont certainement fait leurs comptes déjà. Même en «cassant» les prix, ils pourraient après les 8 millions d'euros payés par Madrid pour libérer ses deux ressortissants, Vilala et Pasqua, empocher un bon pactole, dont ils utiliseront une partie pour acheter des roquettes, des munitions, des voitures tout-terrain qui leur permettront de «chasser» du gibier européen au Mali, au Niger, en Mauritanie, dès que l'occasion se présentera et d'allécher ceux qui pourraient prendre en otage un blanc et le leur revendre. Dire que les anciennes bases arrière du terrorisme qui a sévi en Algérie durant les années 1990 ont depuis les attentats du 11 septembre 2001, fait croire au reste du monde qu'elles adhèrent, non seulement à la lutte contre le terrorisme, mais qu'elles s'interdisent aussi tout versement de rançons aux terroristes. La seconde : les Occidentaux qui arment quasi directement la succursale d'Al-Qaïda au Sahel obéiraient-ils à des calculs ? Certains analystes présentent ces «manières» de faire du Nord comme autant de pas annonciateurs d'une réorganisation géopolitique de l'espace sahélo-saharien. Cette hypothèse, exigerait, si elle venait à se confirmer, une nouvelle approche de la lutte contre le terrorisme dans la région.