Le forum d'El Moudjahid a mis en lumière, hier, les valeureux moudjahidine tombés au champ d'honneur durant le mois de mars. Lors d'une une conférence intitulée « Mars, mois des chouhada », organisée conjointement par l'association Machaâl Echahid, un hommage a été rendu à la mémoire des colonels Aït-Hamouda Amirouche, Si El-Haoues, Lotfi Boudghène, Mustapha Benboulaïd ainsi qu'aux commandants Ali Mellah, Si Lakhdar, Si Zaghloul, Abdelhak Gouicem. « La liste de ces glorieux martyrs ne s'arrête pas là », dira le président de l'association Machaâl Echahid, Mohamed Abbad. « Il ne s'agit là que de la liste restreinte des plus connus », ajoute-t-il, avant de donner la parole aux moudjahidine Abdelhafid Amokrane et Mohamed Lemkami. L'un et l'autre ont d'évoqué le parcours et les hauts faits d'armes des prestigieux colonels de l'ALN. Mohamed Lemkami est revenu sur le parcours du colonel Lotfi, de son vrai nom Benali Boudghène. Originaire de Tlemcen, le chahid était le « symbole » d'une génération, un « pur produit » de l'ALN et du FLN. Cultivé et visionnaire, le colonel est « doté » d'une « capacité » d'analyse « extraordinaire » sur le plan politique malgré son jeune âge. Il avait rejoint le maquis alors qu'« il n'avait que 21 ans ». Benali Boudghène « débattait » de tous les sujets d'actualité d'alors : la Tunisie, le Maroc, l'Egypte, la guerre du Vietnam... « Toutes ces qualités ont fait de lui un homme respecté par ses proches collaborateurs », souligne-t-il. Pour M. Lemkami, la mort « précoce », le 27 mars 1960, du colonel Lotfi est une « grande perte » pour l'Algérie. Qui de mieux, pour l'avoir côtoyé, que Abdelhafid Amokrane pour évoquer, en quelques mots, les qualités intrinsèques du colonel Amirouche, le « lion du Djurdjura et de la Soummam » ? « Qui ne connaît pas le colonel Amirouche ? Le vaillant dirigeant militaire qui avait la rigueur, la persévérance dans ses missions », souligne l'ex-ministre des Affaires religieuses. Le colonel avait l'esprit révolutionnaire et était connu pour ses qualités d'organisateur et de stratège, un « visionnaire », selon lui. N'a-t-il pas affirmé en 1958 que « l'ennemi va faire payer à la wilaya III historique ses deux victoires contre l'opération des services secrets français, ‘l'oiseau bleu', destinée à créer des contre-maquis en Kabylie ». Le temps lui a donné raison, puisque, une année après, l'armée française s'est acharnée contre la wilaya en enclenchant les opérations « Bleuite » et « Jumelles ».