Quand je le regarde, je me vois". Lorsque l'icône Zinedine Zidane parle de son fils aîné, 15 ans, c'est comme s'il tendait un miroir sur la pelouse... Un miroir qui pour l'instant est estampillé "made in Spain" : la famille vit à Madrid, et Enzo est un milieu de terrain particulier puisqu'il évolue déjà sous le maillot blanc du Real, un des meilleurs clubs de la planète. Le Real veille sur lui. Impossible d'approcher le jeune homme, impossible de réaliser un reportage sur lui avec les cadres du club. Dès que l'on franchit l'enceinte de la cité sportive du Real à Valdébébas, on entre dans un sanctuaire, une zone très sécurisée où les journalistes sont priés de laisser leur magnétophone sur le parking et de ne pas importuner l'héritier Zidane qui d'ailleurs ne joue pas sous son patronyme. Sur la feuille de match, Enzo se nomme tantôt "Fernandez" tantôt "Allan" pour brouiller les pistes. Parfois, les petits adversaires ignorent qu'ils ont en face d'eux le fils du célèbre numéro 10 des Bleus. Silhouette élancée, jambes filiformes et tête un peu rentrée dans des épaules osseuses, Enzo Zidane se déplace comme son père, reproduit ses gestes techniques comme la célèbre roulette, et protège son ballon avec son corps de la même manière que Zizou. Depuis la fin de l'été, la presse espagnole dissèque, analyse, commente le jeu de Zidane junior et évoque son avenir. Le sélectionneur espagnol des moins de 16 ans a fait des déclarations pour annoncer qu'il convoquerait l'adolescent sous le maillot espagnol au mois d'octobre. En France, on suit la saga à distance. A la Fédération française de football, on confirme qu'Enzo est un joueur avec du potentiel, mais le sujet est sensible, presque tabou. Personne n'ose s'aventurer sur ce terrain mouvant. Zidane reste un monument du football français et on ne veut pas le blesser, le froisser, l'embarrasser en se permettant de parler de son fils aîné. Aujourd'hui, Enzo Zidane se retrouve bien malgré lui au centre d'un bras de fer entre deux pays qui voudraient récupérer un joueur de talent avec un nom qui fait rêver... Un nom qui scintille et qui représente un bout de légende. La France qui avait célébré la victoire des Bleus lors de la Coupe du monde 1998 en projetant sur l'arc de triomphe le visage de Zinedine Zidane va-t-elle laisser à l'Espagne cet héritier si symbolique ?