Le bras de fer opposant la Russie aux Occidentaux sur l'Ukraine s'accentue et éloigne toute perspective d'une issue politique à la crise. Nullement impressionné par les sanctions occidentales, le président russe Vladimir Poutine a mis en demeure jeudi, 18 dirigeants européens d'assurer le paiement des milliards de dettes de l'Ukraine, faute de quo, leur approvisionnement en gaz serait menacé. Kiev, qui a accumulé 2,2 milliards de dollars en factures de gaz russe impayées, refuse l'augmentation de 80% du tarif décidée la semaine dernière par Moscou. Que fera l'UE qui importe le quart de son gaz dont près de la moitié transite par l'Ukraine ? La Commission européenne refuse « la politisation de l'énergie ». Elle dit attendre de ses fournisseurs le « respect de leurs engagements ». Elle place ses espoirs dans les prochains pourparlers avec les Russes. Une perspective saluée par le ministre russe des Affaires étrangères, Sergei Lavrov, qui a réaffirmé la disposition de Moscou à aborder « y compris le dernier message du président Poutine ». Lavrov a néanmoins assuré que la Russie, accusée par les Etats-Unis d'avoir envoyé des « provocateurs » pour créer le « chaos » dans l'Est russophone de l'Ukraine, n'a « ni agent ni militaire » dans cette partie de l'ex-République soviétique. La nouvelle sortie de Lavrov intervient alors que le face-à-face tendu entre séparatistes pro-russes et loyalistes se poursuit dans des régions russophones de l'Est de l'Ukraine, malgré une offre d'amnistie du pouvoir de Kiev.La mise en demeure du président russe ne semble pas inquiéter les Etats-Unis. Le président Barack Obama a toutefois prévenu contre toute « escalade de la situation en Ukraine ». Dans un communiqué publié à l'issue d'une conversation téléphonique avec la chancelière allemande Angela Merkel, Obama a évoqué la « situation inquiétante dans l'Est de l'Ukraine où des séparatistes continuent à mener une campagne orchestrée de sabotage et de provocation visant à ébranler et déstabiliser l'Ukraine ». Les deux dirigeants ont appelé de nouveau Poutine à « retirer ses soldats de la région frontalière » de l'Ukraine et mis l'accent sur les pourparlers à quatre - Etats-Unis, Russie, Ukraine, Union européenne - qui doivent avoir lieu à Vienne la semaine prochaine.