Les six candidats à la présidentielle, à deux jours du « finish », mettent à profit leurs dernières sorties pour convaincre le maximum d'électeurs. Dénominateur commun des discours, l'impératif de la stabilité, l'hommage aux martyrs de la guerre de Libération et de la démocratie, la préservation de la souveraineté nationale, la révision de la loi fondamentale... et l'officialisation de tamazight. Hier encore, Sellal et Ouyahia, qui ont animé des meetings, respectivement à M'sila et Bejaïa, ont rendu hommage à Mohamed Boudiaf et Hocine Aït-Ahmed. Les deux représentants de Bouteflika ont réitéré l'importance de la stabilité du pays et de l'instauration d'une démocratie par l'implication de toutes les forces politiques et de la société civile. Cependant, depuis le début de la campagne électorale, on décèle les traits d'une ligne de démarcation quant à la nature du changement tant escompté. Les deux parties divergent sur plusieurs aspects de la réforme des textes et des institutions. Chez les représentants du candidat Bouteflika, le discours sur la « stabilité » pour préserver la paix et le processus de développement en cours se fait de plus en plus insistant, alors que les autres candidats multiplient les arguments justifiant un « changement de régime » et l'avènement d'une « deuxième République ». C'est Louisa Hanoune qui a ouvert le concert des appels au changement en plaidant, à Khenchela, pour « une véritable rupture avec le système du parti unique » à travers l'instauration d'une « deuxième République », qui poursuive, cependant, la réalisation des objectifs du 1er Novembre 1954. Allant plus loin, Ali-Fawzi Rebaïne du parti Ahd 54 a appelé, à Ksar El Boukhari (Médéa), à « un changement à tous les niveaux », avec la participation de tous, pour mieux « mener le pays sur la voie de la démocratie et du développement ». Le candidat du Front El Moustakbal, Abdelaziz Belaïd, a affirmé, à Sétif, privilégier une restructuration « profonde » du système éducatif national, y compris en créant une académie nationale pour la recherche, l'élaboration, le développement et l'adaptation des programmes éducatifs et ceux destinés à la formation et à l'amélioration du niveau des formateurs et des enseignants. Le président du FNA, Moussa Touati, intervenant de son côté dans deux localités d'Alger, a répété devant ses militants et sympathisants, qu'il ambitionnait d'édifier un Etat de droit pour « recouvrer » la souveraineté populaire à travers les Assemblées élues. Pour sa part, Ali Benflis a promis à Bejaïa la mise en place d'une réforme constitutionnelle « consensuelle », d'un gouvernement d'union nationale, un nouveau découpage administratif, la promotion de tamazight, une révision de la loi sur l'information et la consécration de l'indépendance de la justice.