L'accord mort-né de Genève, signé jeudi dernier, a compromis les chances de règlement du conflit et relancé la « guerre froide ». Au lendemain de la sanglante fusillade, attribuée par Moscou aux forces nationalistes du « Secteur droit » (Pravyi Sektor), la visite du vice-président Joe Biden renoue avec la logique de confrontation en « violation de la trêve de Pâques ». Les divergences restent insurmontables entre les deux camps qui se sont rendus responsables de l'absence de volonté de coopération. Quelques heures seulement avant le déplacement du vice-président américain, le ministre des Affaires étrangère russe, Sergueï Lavrov a répliqué vertement à son homologue Kerry, exigeant des mesures concrètes » pour l'évacuation des immeubles. Il a déclaré que Washington doit faire plus pour convaincre Kiev de respecter ses engagements et utiliser son influence « afin que les têtes brûlées ne provoquent pas un conflit sanglant ». Sur le terrain, le maire de Slaviansk, Viatcheslav Ponomarev, a lancé, le jour même de la fusillade, un appel à Vladimir Poutine pour un envoi des troupes de maintien de la paix et décrété un couvre feu dont la deuxième nuit s'est déroulée dans le calme. A 150 kilomètres plus à l'est, à Lougansk, les insurgés ont nommé, lundi, un « gouverneur populaire ». Ils ont également décidé de l'organisation d'un référendum le 11 mai afin de déterminer si la région doit continuer de faire partie de l'Ukraine ou proclamer son indépendance, avant de se prononcer sur un éventuel rattachement à la Russie. C'est donc le retour à la case départ officialisé par le vice-président américain aux « côtés de l'Ukraine » confrontée à des « menaces humiliantes » et appelée à faire de la présidentielle du 25 mai « l'élection la plus importante dans l'histoire de l'Ukraine ». Face aux parlementaires dont plusieurs candidats à la présidentielle, Joe Biden qui a auparavant rencontré le président par intérim, Olexandre Tourtchinov, et le Premier ministre Arseni Iatseniouk, s'est déclaré prêt à aider l'économie en pleine récession, touchée de plein fouet par l'effondrement de la production et de la monnaie. En même temps, il a menacé la Russie d'« isolement » et de nouveaux coûts. « C'est une voie sans issue, mais si certains de nos partenaires occidentaux décident tout de même de s'y engager, nous n'aurons pas d'autre choix que faire face avec nos propres forces. Et nous gagnerons », a déclaré le Premier ministre russe, Dimitri Medvedev dans un discours devant la Douma (chambre basse du Parlement) qui se dit convaincu de minimiser les conséquences. Prête aux nouvelles sanctions, Moscou assure du « soutien nécessaire » tous les secteurs, notamment la défense et les équipements, pour briser l'étau occidental. Le bras de fer continue.