Docteur et professeur en mathématiques à l'université de Bab Ezzouar, Mme Djalila Kadi Hanifi, plus connue sous le pseudo de Hajar Bali, a présenté son dernier-né (Trop tard) en présence de la directrice des éditions Barzakh, Sema Hellal, son éditrice, et de la comédienne et metteur en scène, Adila Bendimerad. Ce recueil, composé de sept nouvelles, est axé essentiellement sur une écriture éminemment solitaire. Les textes s'inspirent de multiples situations mais un fil conducteur relie les uns et les autres. Ils appartiennent et relèvent d'un même univers. « Pépin de pastèque », « La mante » appartiennent ainsi au même registre. L'auteur y met en scène deux personnages dans leur personnage. Elle nous montre que l'un et l'autre sont totalement en rupture avec la réalité. En d'autres mots, ils sont « hors sol » et décalés par rapport à celle-ci. Mme Bali affirmera « qu'elle voulait que ses personnages soient seuls et racontent la solitude intérieure, ils sont dans une espèce de folie et se lâchent ». Elle ajoutera que « la frontière est ténue entre la folie et la réalité et ils sont sur le point de craquer ce qui est le propre des humains ». Dans la « La mante », l'auteur décrit une femme séductrice qui a la passion de dévorer ses amants. Hajar Bali veut montrer cette monstruosité qui est en chacun de nous. L'auteur met en exergue la complexité de l'humain en recourant à la cruauté pour rendre compte de la grandeur et de la mesquinerie de nos semblables. C'est pour cela que ses écrits foisonnent de bêtes et d'insectes comme le cafard, l'oiseau, le chat, le chien, la mante ou encore la coccinelle. Pour l'auteur, « c'est à la fois inconscient et délibéré ». « Les animaux sont ignorés et écrasés alors qu'ils font partie de notre entourage. Elle les fait vivre et leur donne de l'importance » fait-elle remarquer. Pour la nouvelle la « Bête à bon dieu », le personnage est clairement situé sur un territoire par rapport aux autres. C'est l'histoire d'un adolescent féru de football et qui va être sauvé grâce à cette passion. Pour l'auteur, pas de place pour le « happy end » car le parcours de chaque vie et de chaque être est parsemé d'échecs alors que la tristesse n'a pas de place pour elle. « C'est l'amour de la jeunesse qui se termine comme les périodes de la vie ». Dans la nouvelle « Chaussettes à la main » Hajar met en évidence l'implacable au quotidien sur le couple et cette impossibilité de communiquer entre les humains car on ne révèle pas ce qu'on est en plus on ne sait parler et donner. C'est un exercice de style alambiqué auquel Hajar s'est adonné pour atteindre les frontières de l'absurde. Avec un style unique, Hajar a dévoilé un aspect de sa personnalité fait de discrétion et de timidité. Ne parlant que très peu d'elle-même, elle se contente de dire que sa source d'inspiration est la littérature sud- américaine et, notamment, Clarice Lispector à qui elle « voue une admiration infinie ».