Pour éviter une coupure imminente redoutée en Europe, des négociations cruciales sur le gaz entre Russes et Ukrainiens ont repris hier à Kiev. Les participants étaient lancés dans une course contre la montre, Gazprom ayant donné jusqu'à aujourd'hui à Kiev pour rembourser une dette gazière de 1,95 milliard de dollars. En l'absence d'un règlement, le géant gazier russe menace de passer à un système de prépaiement qui pourrait signifier la coupure de l'approvisionnement. Les livraisons de gaz russe en direction de l'Europe, dont près de la moitié transite par le territoire ukrainien, risquent de se trouver affectées de cette disposition comme lors des précédents conflits gaziers en 2006 et 2009. Les négociations, entamées samedi à Kiev entre le ministre ukrainien de l'Energie, Iouri Prodan, les deux PDG de Gazprom et Naftogaz, sous la médiation du commissaire européen à l'Energie Guenther Oettinger, n'avaient pas abouti, Kiev refusant la hausse des prix décidées par Moscou. Le millier de mètres cubes de gaz était alors passé de 268 à 485 dollars. Elles se déroulent aussi dans un contexte d'extrêmes tensions notamment après l'explosion en plein vol d'un avion militaire ukrainien détruit par un missile antiaérien des insurgés pro-russes à Lougansk, provoquant la mort de 40 parachutistes et des neuf membres de l'équipage. Immédiatement, le président ukrainien Petro Porochenko a promis une « réponse adéquate ». Le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a rétorqué en appelant son homologue américain John Kerry à « user de son influence » sur Kiev pour mettre fin à l'opération militaire dans l'Est qui a fait plus de 300 morts depuis avril. Cette sortie a été suivie, dans la soirée du samedi, par des manifestations regroupant près de 300 personnes défilant devant l'ambassade russe visée par un cocktail Molotov. La Russie a dénoncé l'inaction des forces de l'ordre qui « n'ont rien fait pour protéger l'ambassade, ce qui constitue une violation grossière des engagements internationaux de l'Ukraine ». Washington a aussi condamné cette attaque et appelé Kiev à respecter la Convention de Vienne qui l'oblige à assurer la sécurité des bâtiments diplomatiques. Dans un climat de tensions exacerbées, la bombe du gaz sera-t-elle désamorcée ?