Une délégation dirigée par le ministre ukrainien de l'Energie a commencé vendredi une tournée européenne pour rassurer l'Europe sur ses approvisionnements énergétiques après que la Russie eut cessé de livrer du gaz à l'Ukraine, a indiqué la présidence ukrainienne dans un communiqué. La délégation composée notamment du ministre de l'Energie Iouri Prodan, du vice-ministre des Affaires étrangères Kostiantin Eliseïev et d'un dirigeant de la société ukrainienne des hydrocarbures Naftogaz Vadim Tchouproun, se rend d'abord en République tchèque qui préside depuis jeudi l'Union européenne. «L'objectif principal de la tournée est d'apporter les explications nécessaires aux pays membres de l'UE sur la situation du transport du gaz russe vers l'Ukraine et les pays de l'UE, de donner des garanties sur le transit par le territoire ukrainien», indique le communiqué de la présidence. La délégation veut aussi «consulter des spécialistes européens au sujet des négociations de l'Ukraine avec la Fédération de Russie». La Russie a coupé jeudi à 07H00 GMT l'approvisionnement en gaz de l'Ukraine faute d'un accord sur le prix des livraisons pour 2009. Lors d'un précédent conflit gazier entre Kiev et Moscou en janvier 2006, les livraisons énergétiques à l'Europe avaient été perturbées, 80% du gaz russe consommé par les clients européens transitant par l'Ukraine. Le président ukrainien Viktor Iouchtchenko a pourtant estimé qu'un compromis était proche et qu'un contrat pourrait être signé «avant le 7 janvier» pour fixer le prix du gaz russe pour l'Ukraine en 2009 et régler la question du remboursement de la dette ukrainienne, les deux points au coeur de l'actuel conflit gazier. «J'estime que nous sommes proches d'un compromis et je demande au président russe, au Premier ministre russe et aux négociateurs ukrainiens (...) de faire tout leur possible pour que ces pourparlers s'achèvent le plus vite possible», a déclaré M. Iouchtchenko dans un communiqué. Il a souligné jeudi que le tarif du transit de gaz vers l'Union européenne payé par Moscou à Kiev devait augmenter si le prix du gaz destiné à l'Ukraine était revu à la hausse. La Russie a proposé mercredi un prix de 250 dollars les 1.000 mètres cubes de gaz sans hausse du tarif de transit (1,7 dollar pour 1.000 m3 transportés sur une distance de 100 km), une offre inacceptable pour la partie ukrainienne. La société énergétique ukrainienne Naftogaz a indiqué avoir proposé de payer 235 dollars en échange d'une augmentation de 10 cents du tarif de transit. Le PDG de Gazprom Alexeï Miller s'est montré intransigeant jeudi, estimant que comme Kiev avait rejeté sa proposition, l'Ukraine devra payer en 2009 le tarif facturé aux pays européens. «Etant donné que l'Ukraine a rejeté les conditions tarifaires préférentielles de 250 dollars, Gazprom procédera aux livraisons de gaz à l'Ukraine à partir de janvier au prix européen de 418 dollars pour 1.000 m3», a déclaré M. Miller. Faute d'un accord mercredi sur le prix, et Kiev n'ayant pas remboursé la totalité d'une dette de deux milliards de dollars à Gazprom, aucun contrat pour 2009 n'a encore été signé et la Russie a cessé les livraisons de gaz à l'Ukraine jeudi à 07h00 GMT. Par contre, Naftogaz et Gazprom ont tous les deux assuré qu'ils rempliraient leurs obligations envers les pays de l'Union européenne (UE) et que leur approvisionnement ne serait pas menacé. Les Européens suivent ce conflit de près, car en janvier 2006, lors de la précédente crise gazière russo-ukrainienne, les livraisons avaient été affectées. Moscou accusait Kiev de siphonner le gaz transitant par l'Ukraine. Une délégation ukrainienne dirigée par le ministre ukrainien du Combustible et de l'Energie, Iouri Prodan, va visiter à partir de vendredi les capitales des pays de l'UE afin de parler du «problème des livraisons de gaz russe en Europe», a déclaré jeudi le porte-parole de la diplomatie ukrainienne, Vassili Kirilitch. La Russie fournit environ un quart du gaz consommé dans l'UE et compte pour 40% des importations de l'Union, dont la majeure partie passe par l'Ukraine.