Mohamed Alioui, secrétaire général de l'union nationale des paysans algériens (UNPA) est de ceux qui apprécient le jeûne à sa juste valeur. Inutile de s'affoler, dira-t-il, puisque tout est disponible pour passer un agréable Ramadhan. Qu'avez-vous à dire pour rassurer les citoyens durant ce mois sacré ? Durant ce mois, les fruits et légumes seront disponibles sans aucun souci. C'est connu, la première semaine de Ramadhan n'est pas maitrisable à l'instar de tous les Etats arabes. Les gens ne se privent pas et tentent de satisfaire la moindre tentation. Durant la deuxième semaine il y a retour à la normale. Les gens commencent à prendre goût au jeûne et finissent par comprendre la véritable vertu de ce mois. Les points de vente sont approvisionnés de façon régulière. Sauf que les commerçants doivent s'organiser pour mieux gérer cette période de forte consommation. Il faut agir avec rationalité. Celui qui achète une vingtaine de baguettes de pain est en train de prendre la part des autres. Le raisonnement primitif refait surface malheureusement alors que tout est disponible sur le marché. Pour notre organisation, notre seul souci est celui de l'octroi des contrats de concession aux agriculteurs. Cette question est suivie par le Premier ministre en personne et espérons qu'elle sera résolue très prochainement. Comment appréciez-vous le mois de Ramadhan ? L'expérience est acquise après de longues années de jeûne. Par le passé, nous accomplissions ce devoir religieux sans la moindre commodité. Nous n'avions ni congélateur, ni réfrigérateur, ni climatiseur. Aujourd'hui, Dieu merci, notre situation est meilleure et nous pouvons dire que le jeûne est moins pénible. Le matin, je vais au travail jusqu'au Assr, je rentre chez moi pour lire quelque versets coraniques. Mon mois sacré, je le consacre entièrement au travail et à la piété. J'achève la lecture du Coran six à sept fois durant le Ramadhan. Mes sorties et mes rencontres sont limitées sauf pour des motifs de solidarité. Inchallah cette année aussi, nous sommes invités par l'ex-ministre des Affaires religieuses et des Wakfs pour accomplir avec lui les prières surérogatoires. Il met à notre disposition un petit chapiteau où il réunit les habitants des résidences de Club des Pins autour de ces prières quotidiennes du soir. Que Dieu agrée son action. Dommage, dans ces résidences où habitent de nombreux cadres de l'Etat, il n'existe pas de mosquée. Êtes-vous un fin gourmet ? Pas du tout. Dans notre région, la Hrira est un plat principal qui s'invite chez toutes les familles. Généralement, on prépare des plats traditionnels connus dans les wilayas de l'ouest à l'exemple du « Mhamer », « Ain El Begra » et « Lham Lahlou ». Quelques bouchées de chorba ou de hrira peuvent nous suffire durant tout le mois sacré. Alors pourquoi autant d'avidité. Certains jeûneurs durant la période allant de 14h à 18h commencent à admirer tout ce qu'ils voient. « Yetwahmou » comme ont dit exactement des femmes enceintes. C'est ce qui engendre cette frénésie des achats qu'ils ne consomment même pas après la rupture du jeûne. L'être humain doit maitriser ses envies. Le Ramadhan est synonyme de patience. Preuve en est, toutes les grandes batailles du Prophète Mohamed (QSSSL) ont été accomplies durant le mois sacré. Ramadhan est un mois de piété, de solidarité et de fraternité. On doit tenter d'effacer nos péchés. On doit apporter un peu de joie à ceux qui ne réclament pas d'aides, à ceux qui souffrent dans le silence et la dignité. Je suis une personne qui s'est inscrite dans différentes actions de solidarité. En tant que président d'une commission d'orphelins et des personnes vulnérables, je veille à ce que mon travail dans ce sens soit discret afin qu'il soit agréé. Les agriculteurs se solidarisent entre eux également pour passer le mois sacré dans la joie et l'harmonie.